27septembre 2022 de 09h15 à 10h30 - Cozigou - Le Lannec, 22200 Plouisy, France Nombreuses sont les entreprises traditionnelles qui se lancent dans la digitalisation de leur parcours d’achat. Un besoin vital pour certains, un processus de transformation de longue date pour d’autres. La CCI Cîtes d’Armor et ADN Ouest vous proposent
Un superbe itinĂ©raire Ă  travers les vignes d’Appellation d’Origine ContrĂŽlĂ©e ChĂąteau-Chalon et CĂŽtes du Jura. Entre cĂŽteau vigneron, Plus beaux Villages de France de ChĂąteau-Chalon, ancienne voie-romaine et belvĂ©dĂšres incontournables sur la vallĂ©e de la Haute-Seille
 Les points d’intĂ©rĂȘts le long de cette randonnĂ©e sont nombreux ! Depuis le parking, au poteau MĂ©nĂ©tru le Vignoble », continuer Ă  gauche vers La Fontaine ». Prendre la route Ă  gauche sur 400 m et, dans le virage, le chemin du Gaillardon Ă  gauche. Il descend en sous-bois puis dans les vignes. Sous les vignes », emprunter la D 205 Ă  gauche. Passer Le Rouillard » et Le Moulin ». Ne pas franchir le Pont de MĂ©zieres », mais couper la D 70 et suivre la rue MaiziĂšres. Partir Ă  droite sur le chemin qui long le mur du parc. Au poteau Les Grevillettes », obliquer Ă  gauche. Passer Aux Chaises », puis monter Ă  gauche vers Les Niods ». LĂ , suivre la route Ă  gauche. Au Puits Saint Pierre », monter par la route Ă  gauche dans les vignes et gravir le sentier qui mĂšne Ă  ChĂąteau-Chalon. À gauche, passer La Maison de la Haute Seille » et, par la rue de la Roche Prendre le temps de parcourir les belvĂ©dĂšres du village et d’apprĂ©cier les maisons vigneronnes dans les rues du village, Au poteau ChĂąteau Chalon », traverser la D 5 et descendre la ruelle. Aux Vergers », continuer Ă  droite vers voie romaine ». Au poteau, emprunter le chemin Ă  gauche et longer la bordure du plateau Belle vue sur le vallon. Du poteau Le Latet de MĂ©nĂ©tru », gagner la Croix de Beaumont ». Longer la lisiĂšre, puis descendre Ă  gauche dans le bois. > PossibilitĂ© d’allonger l'itinĂ©raire en empruntant le Sentier des ChĂąteaux hameau de Vau, chĂąteaux de Frontenay et de Blandans parcours total de niveau difficile, 5 h 30, 17 km, dĂ©nivelĂ©e de 440 m, balisage jaune Ă  partir du poteau MĂ©netru le Vignoble », passer Le Grapot », Granges de MĂ©nĂ©tru », Fougnet ». À Oratoire », tourner Ă  gauche vers Le Clos Haut », ChĂąteau de Frontenay » tombe de l’écrivain jurassien Bernard Clavel, Lavoir ». À Haut des Rignardes » quitter la route pour Le Cuart », ChĂąteau de Blandans », Haut de la Rampe », Domblans Arboretum ». Continuer Ă  gauche dans la vallĂ©e de la Seille jusqu'au Rouillard ». 0910/2020-BANQUET ANNUEL. Suite aux exigences sanitaires liĂ©es Ă  la COVID-19 nous avons Ă©tĂ© dans l'obligation d'annuler le banquet annuel prĂ©vu en novembre prochain. Les voyages en Ecosse en juin 2021 et Costa-Rica en novembre 2021 sont maitenus si toutefois la situation sanitaire le permet. RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ© Puisant l’information dans quelques grands journaux europĂ©ens rĂ©putĂ©s sĂ©rieux, la presse Ă©trangĂšre ici son Ă©chantillon francophone commenta la RĂ©volution au prisme de prĂ©occupations locales et la presse française en analysa les rĂ©percussions extĂ©rieures Ă  l’aune des espoirs ou des craintes d’une rĂ©volution universelle menĂ©e par la patrie des Droits de l’Homme. Facteur d’incomprĂ©hension, ce double jeu de miroirs engendra des rĂ©actions nationales dont la quasi disparition de la presse francophone en 1792-1794 fut l’un des principaux effets Ă  l’ de page EntrĂ©es d’index Haut de page Texte intĂ©gral 1 H. Gough, The Newspaper Press in the French Revolution, Londres, 1988 et J. Sgard dir., Dictionn ... 2 C. Labrosse & P. RĂ©tat, Naissance du journal rĂ©volutionnaire. 1789, Lyon, 1989. 3 R. Leenaerts, La presse pĂ©riodique en Belgique. Sources pour l’histoire de la presse pĂ©riodique en ... 4 R. Moulinas, L’imprimerie, la librairie et la presse Ă  Avignon au xviiie siĂšcle, Grenoble, 19 ... 5 P. RĂ©tat, Les journaux de 1789-Bibliographie critique, Paris, 1988. J. Lojek, Les journaux polonai ... 1Il existe en France au dĂ©but de 1789 une trentaine de journaux nationaux dont 3 seulement d’information politique, les autres Ă©tant spĂ©cialisĂ©s commerce, mĂ©decine, musique, etc., et en province 47 feuilles qui depuis les annĂ©es 1770 ajoutent aux annonces des rubriques variĂ©es arts, lettres, sciences, inventions, Ă©conomie Ă  l’exception de nouvelles politiques 1. Au cours de l’annĂ©e, environ 200 titres nouveaux sont lancĂ©s, pour les trois quarts Ă  Paris 2. La RĂ©volution de 1789 a Ă©tĂ© aussi celle de la presse, en France et en Belgique oĂč une quinzaine de journaux nouveaux Ă  la fin de 1789 et d’autres encore en 1790 viennent s’ajouter Ă  ceux qu’on y publiait dĂ©jĂ  une dizaine de titres destinĂ©e Ă  la population ou aux Ă©lites francophones ainsi qu’au proche marchĂ© français 3. Il existait en effet depuis le xviie siĂšcle une presse Ă©trangĂšre en français qui pĂ©nĂ©trait dans le royaume sous l’Ancien RĂ©gime vers une clientĂšle dĂ©sireuse de lire autre chose que les journaux officiels et trĂšs contrĂŽlĂ©s ; c’était par exemple le Journal gĂ©nĂ©ral de l’Europe Ă  LiĂšge 1785, le Journal EncyclopĂ©dique Ă  Bouillon ou la Gazette des Pays-Bas Ă  Bruxelles depuis 1649 aux Pays-Bas, plus loin les Gazettes d’Amsterdam, de Leyde, de Cologne 1734 et des Deux-Ponts 1770, ou encore, dans l’enclave pontificale, le Courrier d’Avignon 1733 qui se vendait Ă  6 000 exemplaires en mai 1789 4. D’autres feuilles avaient Ă©galement fleuri dans une Europe oĂč le français Ă©tait la langue internationale de la culture, tels la Gazette LittĂ©raire de Berlin 1764 et un Journal de Musique pour le clavecin ou piano-forte Ă  Saint-PĂ©tersbourg 1785 5. 6 J. D. Popkin, News and Politics in the Age of Revolution Jean Luzac’s Gazette de Leyde », Corn ... 2Avec l’explosion de journaux en France et en Belgique se produit une circulation nouvelle et exceptionnelle de l’information, Ă  Paris, en province et Ă  l’étranger, qui tĂ©moigne dĂšs le dĂ©but de 1789 de la curiositĂ© gĂ©nĂ©rale face Ă  l’évĂ©nement vĂ©cu ou observĂ©. Pour les gazettes anciennes, il est nĂ©cessaire de relater rapidement l’évĂ©nement rĂ©volutionnaire pour satisfaire l’intĂ©rĂȘt du public et conserver une clientĂšle française tentĂ©e peut-ĂȘtre par les nouveaux journaux. Cet impĂ©ratif commercial n’exclut nullement la sympathie Ă  la tĂȘte de la Gazette de Leyde, un des principaux journaux politiques d’Europe Ă  la fin du xviiie siĂšcle, Jean Luzac avait dĂ©jĂ  contribuĂ© Ă  populariser la lutte pour l’indĂ©pendance des colonies de l’AmĂ©rique du Nord 6, et au Journal gĂ©nĂ©ral de l’Europe, Pierre Lebrun, physiocrate et josĂ©phiste, accueillit avec plus de joie encore la RĂ©volution française il se lia peu aprĂšs aux patriotes belges. 7 R. Dupuy Ă©d., Aux origines idĂ©ologiques de la RĂ©volution journaux et pamphlets Ă  Rennes, 1788- ... 8 A. Nabarra, Presse, pouvoir, et pouvoir de la presse dans l’AmĂ©rique post-rĂ©volutionnaire le ca ... 3La crĂ©ation de journaux nouveaux rend peut-ĂȘtre davantage compte de l’enthousiasme du public. En France, c’est d’abord la multiplication des Correspondances des États GĂ©nĂ©raux imprimĂ©es Ă  Brest, Nantes, Bordeaux, Grenoble, Avignon et mĂȘme par deux feuilles concurrentes de Rennes 7, c’est aussi le compte rendu des sĂ©ances de l’AssemblĂ©e nationale que s’efforcent de donner rapidement les feuilles de province, notamment les anciennes affiches pour rĂ©pondre Ă  la demande du public. A l’étranger, quelques titres, parfois explicites, attestent le mĂȘme intĂ©rĂȘt pour les Ă©vĂ©nements français Ă  LiĂšge, L’Avant Coureur 1er fĂ©vrier est suivi par l’annonce en aoĂ»t d’un quotidien, le Journal de l’AssemblĂ©e Nationale de France qui renferme en entier le Journal de Paris avec des morceaux pris dans les autres Feuilles » ; Ă  Bruxelles, un Bulletin de Versailles lancĂ© le 14 juillet devient Nouvelles de Paris & de Versailles Ă  la fin aoĂ»t ; Ă  Londres un Journal de l’Europe est dĂ©diĂ© Ă  l’AssemblĂ©e nationale le 31 juillet, mort-nĂ© semble-t-il mais remplacĂ© par le Phare politique et littĂ©raire Ă©ditĂ© Ă  Londres et distribuĂ© dans les deux royaumes, jusqu’en fĂ©vrier 1790. En AmĂ©rique mĂȘme, le Courier de Boston est publiĂ© dĂšs le 23 avril 1789 par Joseph de NancrĂšde, vĂ©tĂ©ran de la guerre d’IndĂ©pendance et exĂ©gĂšte de la RĂ©volution française pour ses compatriotes auxquels il fait connaĂźtre Bernardin de Saint-Pierre ou Brissot de Warville 8. 9 Sur la presse contre-rĂ©volutionnaire en Angleterre, voir S. Burrows, French exile journalism and E ... 4La presse Ă©trangĂšre qui fait Ă©cho Ă  la RĂ©volution n’est pas exclusivement francophone, loin s’en faut Ă  l’évidence, c’est surtout par les gazettes en langue vernaculaire que le public en a pris connaissance, et parfois dans des feuilles nouvelles tel ce Giornale dell’Assemblea generale di Francia publiĂ© Ă  Livourne Ă  partir de septembre 1789. De cet ensemble Ă©norme de publications notamment en Angleterre et en Allemagne, les journaux en français ne constituent qu’un petit Ă©chantillon, probablement reprĂ©sentatif, avec ses bulletins de dĂ©bats lĂ©gislatifs et un lectorat, certes cultivĂ© et francophone, mais pas nĂ©cessairement plus favorable pour cela Ă  la RĂ©volution Ă  ClĂšves, La RĂ©volution de France ou correspondance avec un Ă©tranger, imprimĂ© d’octobre 1789 Ă  octobre 1791, est nettement contre-rĂ©volutionnaire. De mĂȘme, en publiant sous le titre La Bastille dĂ©voilĂ©e le RĂ©cit authentique de la prise ou plutĂŽt de la reddition de la Bastille », les Cahiers de lecture de Gotha tentent de minimiser la portĂ©e de l’évĂ©nement. En rapportant l’évĂ©nement, la presse Ă©trangĂšre renvoie l’image d’une France modĂšle ou repoussoir selon que cet effet de miroir est utilisĂ© par les patriotes ou par leurs adversaires, dans et hors des frontiĂšres 9. Pour l’essentiel cependant, en 1789 au moins, les rĂ©actions de sympathie l’emportent lĂ  oĂč la presse, francophone ou non, jouit de la libertĂ© d’expression. La diffusion de l’évĂ©nement 10 Bruxelles, 1789, in-8°, 16 p. 11 Pour servir Ă  l’histoire de la RĂ©publique des Provinces Belgiques-Unies, par Mr. J. Chateignier, B ... 12 Gand, G. Huyghe, 1790, 12 p. 5Poser la question de la lecture de l’évĂ©nement en Europe dans la presse, c’est faire l’imprudente hypothĂšse que la circulation de l’information passait principalement par le journal et que ce dernier nous en livrerait les canaux. Or rien n’est moins sĂ»r car, pour l’essentiel, la distribution de l’imprimĂ© Ă©chappe Ă  nos regards, et notamment celle des pamphlets et livrets publiĂ©s Ă  foison on en a repĂ©rĂ© 3 305 produits Ă  Paris pour la seule annĂ©e 1789 ; s’il n’y a pas avant 1793 de propagande officielle destinĂ©e aux pays Ă©trangers, quelques initiatives privĂ©es tentent soit de rĂ©pandre les idĂ©es nouvelles, par exemple le Cercle Social en publiant une version polyglotte de la Constitution de 1791, soit de spĂ©culer sur la curiositĂ© du public en jetant dans le commerce les textes commercialement les plus prometteurs. Le rĂ©cit de la prise de la Bastille est ainsi imprimĂ© jusqu’à Trois-RiviĂšres en 1791, car ce type d’ouvrages se multiplie aussi Ă  l’étranger. La rĂ©volution brabançonne fournit d’ailleurs une matiĂšre nouvelle aux Ă©diteurs de brochures qui publient, pour ne donner que ces exemples, une Relation exacte de la Prise de Bruxelles par ses Habitans 10, Le Triomphe du Patriotisme, ouvrage proposĂ© par souscription en faveur des veuves, Orphelins & BlessĂ©s, des glorieuses victimes de l’heureuse rĂ©volution, opĂ©rĂ©e par la prise de Bruxelles le 11 & 12 DĂ©cembre 1789 11 ou La LibertĂ© ou La Mort, traduit du Flamand 12et plus pessimiste Courage donc, Flamands
 PlutĂŽt mourir que d’ĂȘtre dĂ©shonorĂ©s aux yeux de l’Europe, et de rentrer sous le joug de l’esclavage. » 13 J. Boutier, Les imprimĂ©s rĂ©volutionnaires français en Toscane entre publicitĂ© et clandestinitĂ© ... 14 Plus vaguement et avec peu de modestie, le Courrier Français se proposait en souscription Ă  tout ... 15 R. Chartier et Martin, Histoire de l’édition française, II. Le livre triomphant 1660-1830, ... 6Journaux, brochures et livres circulent donc dans l’Europe de la RĂ©volution, mais dans quelle mesure ? À Livourne oĂč vit une colonie française importante, un rapport de police de mars 1792 dĂ©nonce l’introduction de livrets rĂ©volutionnaires dans les balles de tissu et de bas de soie envoyĂ©s de France, trafic dont on accuse un rĂ©seau protestant, constituĂ© de soyeux de NĂźmes, de nĂ©gociants de GĂȘnes, Turin et Livourne, et la sociĂ©tĂ© populaire de cette derniĂšre ville ; en revanche, les journaux politiques ou les brochures des presses parisiennes ne semblent pas avoir atteint Florence 13. On serait donc tentĂ© de conclure que la circulation des journaux et libelles en Europe ou au-delĂ  est plus superficielle que profonde, davantage le fait de quelques grandes places de commerce que celui des petites villes ou des campagnes. Quelques indications de possible souscription Ă  l’étranger, d’ailleurs peu frĂ©quentes, dans des journaux de Paris et ou de grandes villes françaises ne peuvent faire illusion 14. Il est plus vraisemblable que les feuilles accompagnaient le courrier d’étrangers Ă©tablis en France, avec des livres, brochures ou images qui parvenaient aux cabinets de lecture et aux librairies 15 dont on est loin d’avoir fait une Ă©tude exhaustive. Nous Ă©chappe donc une grande part de ce qui a pu se distribuer par colportage, par courrier fermĂ© ou sous le manteau, libelles, gravures ou exemplaires isolĂ©s de journaux, qui ont certainement touchĂ© un public plus large notamment dans le monde rural que des pĂ©riodiques trop chers pour une grande partie de la population. En tĂ©moigne par exemple la réédition en 1789 de certains numĂ©ros importants de quelques feuilles relatant un Ă©vĂ©nement mĂ©morable de la RĂ©volution, nuit du 4 aoĂ»t ou DĂ©claration des Droits de l’Homme. De ces publications en français ou traduites, l’effet sur les populations, quoique incommensurable, n’a probablement pas Ă©tĂ© minime
 16 La Chronique tire Ă  1400 exemplaires en septembre 1791 et 2600 en janvier 1793. 17 R. GĂ©rard, Le Journal de Marseille de FerrĂ©ol Beaugeard, Paris, 1964. 7Entreprise commerciale avec ses exigences de production et de vente, le pĂ©riodique Ă©tait dĂ©pendant Ă  la fois des circuits commerciaux traditionnels et du choix de la clientĂšle. Il lui fallait cueillir l’information et les journalistes français et Ă©trangers invoquaient des lettres particuliĂšres » et des correspondants sĂ»rs et fidĂšles ». C’est par une lettre particuliĂšre de Coblentz » que le Journal de Rouen aurait reçu la dĂ©claration de Pillnitz et un prospectus rouennais du 31 mars 1791 promet l’établissement d’une correspondance Ă©trangĂšre [qui] assurera Ă  la Chronique Nationale, une grande supĂ©rioritĂ© sur tous les journaux de France, relativement aux nouvelles du dehors ». Tout cela est sans doute possible, mais pas certain, pour ces deux feuilles d’une grande ville portuaire et d’un tirage dĂ©passant les 1 000 exemplaires 16. Ailleurs de telles promesses sont Ă©videmment suspectes et, si l’on voulait alimenter une rubrique Ă©trangĂšre, on piochait plutĂŽt dans les journaux que l’on pouvait capter. Le rĂ©dacteur des Affiches du DauphinĂ© donne ainsi des nouvelles de Londres et de Rome tirĂ©es du Courrier de Villeneuve-lĂšs-Avignon, et prend celles de Berlin dans la Gazette des Cours d’Europe 17. L’écho de la RĂ©volution dans la presse, c’est peut-ĂȘtre d’abord cet Ă©change de journaux, principale source d’informations, d’une ville Ă  l’autre, d’un pays Ă  l’autre, cet usage du copier-coller qui en rĂ©sulte et finalement cette similitude souvent constatĂ©e des articles parfois rĂ©pĂ©tĂ©s ou traduits mot pour mot. 8La prĂ©tendue primeur de l’information exigeait de dissimuler de temps Ă  autre le plagiat, pour ne pas dĂ©prĂ©cier sa feuille auprĂšs du public, en ne donnant par exemple que l’origine gĂ©ographique de la nouvelle ; ainsi, pour cet article du Journal de Rouen du 7 mars 1790, datĂ© de Brest le 3 », un correspondant local n’est pas exclu car beaucoup d’informations circulaient par voie de mer, mais Ă  l’évidence tout a Ă©tĂ© Ă©crit Ă  Rouen Ă  l’aide de la Gazette Universelle du 6. 9En Allemagne, en Italie ou au Canada, c’est aussi dans les quotidiens d’information anciens comme le Journal gĂ©nĂ©ral de France ou nouveaux comme le Moniteur Universel que l’on puise d’abord ou que l’on dit puiser la matiĂšre premiĂšre. Il est possible que l’historien soit abusĂ© par ces rĂ©fĂ©rences Ă  des feuilles politiquement correctes, par des journalistes dont peu sans doute, en province ou Ă  l’étranger, osaient mentionner explicitement les journaux d’auteurs ou les feuilles incendiaires », si caractĂ©ristiques du bouleversement de la presse en RĂ©volution. Mais, par ailleurs, le coĂ»t des journaux et notamment de leur acheminement d’une part, leur distribution par des rĂ©seaux commerciaux solides d’autre part, limitaient globalement l’offre de presse. L’abonnement Ă  une feuille trĂšs marquĂ©e idĂ©ologiquement Ă©tait un luxe et il Ă©tait moins onĂ©reux et plus efficace d’en donner des extraits, traduits par un correspondant en France, dans une gazette Ă©trangĂšre. Sous bĂ©nĂ©fice d’inventaire, la presse en français distribuĂ©e en Europe Ă©tait donc modĂ©rĂ©e, plutĂŽt Ă©vĂ©nementielle que partisane, et surtout sĂ©rieuse et bien informĂ©e, pour suivre le dĂ©roulement factuel et exact de la RĂ©volution. C’est apparemment ce que demandait le public, partagĂ© entre adhĂ©sion et mĂ©fiance, ou du moins ce que lui imposaient les distributeurs, libraires, Ă©diteurs ou journalistes. 18 J. Boutier, art. cit. 10C’est, au fond, le choix du rĂ©sident toscan Ă  Paris, Francesco Favi, qui, au milieu d’imprimĂ©s divers, envoyait Ă  son gouvernement la Gazette Universelle de mars 1790 jusqu’à l’arrĂȘt de sa publication aprĂšs le 10 aoĂ»t 1792, le Journal encyclopĂ©dique ou Journal de Bouillon de mai 1791 Ă  l’étĂ© 1792, et surtout le Moniteur Universel 18 qui est vite devenu une rĂ©fĂ©rence pour la presse, et pas seulement en Italie. Ici se conjuguent deux raisons la radicalisation de l’étĂ© 1792 et la soliditĂ© de l’entreprise de Panckoucke. De ce petit bilan florentin, trois faits se dĂ©gagent 1. si la presse francophone qui circule hors de France n’est guĂšre rĂ©volutionnaire, c’est en raison, d’une part, de la nature commerciale de l’entreprise de presse qui rendait le pĂ©riodique plus fragile aux assauts de la censure et aux rĂ©actions du marchĂ©, d’autre part de l’évolution de la situation française ; 2. le Journal de Bouillon, fondĂ© en 1756 et l’un des plus importants pĂ©riodiques de langue française de l’Europe des LumiĂšres, continue sa publication au cours de la RĂ©volution, se lit encore malgrĂ© la distance Ă  Paris donc aux Ă©vĂ©nements importants, et prĂ©cisĂ©ment parce qu’éloignĂ© de l’agitation française, il semble offrir une garantie de critique et de recul souvent rĂ©clamĂ©e par les lecteurs de la presse ou les auteurs de lettre aux rĂ©dacteurs, peut-ĂȘtre aussi la certitude d’une distribution rĂ©guliĂšre par un rĂ©seau ancien et solide ; 3. Journal modĂ©rĂ© avant d’ĂȘtre nettement contre-rĂ©volutionnaire et de disparaĂźtre le 10 aoĂ»t 1792, la Gazette universelle de Pascal Boyer renaĂźt en novembre 1792, sous le titre de Nouvelles politiques nationales et Ă©trangĂšres, et sa rĂ©putation lui vaut une immĂ©diate bonne distribution Ă  l’étranger ; de ce journal de moins en moins recommandable, le jacobin Milcent notait cependant dans le Journal de Rouen du 19 mars 1791 que la fraĂźcheur de ses nouvelles annonce des correspondances fort Ă©tendues et des sources inconnues ou fermĂ©es aux autres nouvellistes », et Ă  la fin de 1792, Francesco Favi trouve Ă©galement que la Gazette contiene piĂč cose. Si P. Boyer et A. M. Cerisier, ses fondateurs, ne peuvent guĂšre passer pour d’ardents rĂ©volutionnaires, leur succĂšs semble tenir au fait qu’anciens collaborateurs de la Gazette de Leyde, ils avaient une solide rĂ©putation de savoir-faire. 19 Les plus souvent mentionnĂ©s Ă©tant les quotidiens de Londres Star, Times, London Chronicle, Morni ... 11Il faut donc nuancer le dĂ©classement, dĂ©crit par Pierre RĂ©tat, de la presse ancienne au profit d’une nouvelle Ă  pĂ©riodicitĂ© frĂ©quente, dans un processus de mutation de la sensibilitĂ© devenue immĂ©diate Ă  l’évĂ©nement, qui accompagne la RĂ©volution en France – sans doute moins en Belgique en raison de la guerre et de la fin brutale et prĂ©coce de l’insurrection. MalgrĂ© l’explosion de 1789, les journaux anciens et les nouveaux qui les imitent, en province ou Ă  l’étranger, disposent d’une clientĂšle suffisante pour exister, en s’adaptant notamment au format quotidien, comme la presse anglaise ou la Gazette des Deux-Ponts qui l’est depuis 1786 et parce que, loin des remous, ils ont la prĂ©fĂ©rence du public ou des intermĂ©diaires sur la presse partisane. TĂ©moignent de cette vitalitĂ© la rĂ©impression en français de la Gazette de Leyde par un nĂ©gociant anglais domiciliĂ© Ă  Livourne, Giacomo Harriman, en 1788 et la tentative similaire de Filippo Stecchi d’y rééditer la Gazette de Cologne en 1792. La presse parisienne et, plus nettement encore, celle de province puisent Ă©galement l’information dans le Moniteur Universel, souvent bien documentĂ© sur l’étranger, dans les Gazettes des Pays-Bas ou dans les papiers anglais » oĂč l’on copie parfois mĂȘme des nouvelles de la rĂ©volution belge 19. 20 S. Tucco-Chala, Charles-Joseph Panckoucke et la librairie française, 1736-1798, Pau-Paris, 1977. 12Seuls quelques grands organes de presse disposaient de rĂ©seaux d’échange mutuel ce sont des feuilles anciennes et quelques nouvelles – mais Panckoucke doit tout de mĂȘme faire un voyage en Italie en 1792 pour la promotion de son journal 20. Avantage commercial peut-ĂȘtre substantiel de ces Ă©changes, la distribution mĂȘme de la gazette partenaire Le Boucher, directeur du Journal de Rouen, prenait les abonnements au Moniteur ou Ă  la Gazette Universelle, ce qui explique sans doute la complaisance de Milcent Ă  l’égard de cette derniĂšre ; Ă  MontrĂ©al, Fleury Mesplet recopiait dans sa Gazette les articles de Correspondance nationale de Paris dont il assurait aussi la distribution. Les grands journaux parisiens recevaient donc les feuilles Ă©trangĂšres, Rouen ou Bordeaux les papiers anglais », Strasbourg les gazettes allemandes. Ainsi se dessinent ou se devinent quelques axes de circulation des journaux. Londres ou les Pays-Bas restent, au-delĂ  de 1789, des sources importantes notamment pour les grandes villes de nĂ©goce de la façade Atlantique qui est la grande artĂšre de l’information lue de Bordeaux Ă  Varsovie, la Gazette de Hambourg, qui paraĂźt du 30 novembre 1789 au 31 dĂ©cembre 1793, semble border cette voie majeure sur la cĂŽte du continent. Le Journal de Rouen annonce le 1er fĂ©vrier 1792 une correspondance suivie pour les nouvelles » de SuĂšde qui nous viendront par la voie de Copenhague et de Hambourg. Les sources mentionnĂ©es dans ce mĂȘme journal et dans la Chronique Nationale & Ă©trangĂšre signalent respectivement un rĂ©seau passant par LiĂšge en 1792, plus tard Bruxelles, Cologne et Berlin, un autre par Strasbourg, Francfort, Munich et Vienne. 21 R. GĂ©rard, Le Journal de Marseille
, op. cit. 13En revanche, s’il cite 25 titres de province et 18 de Paris dans son Journal de Marseille en 1792, FerrĂ©ol Beaugeard n’en mentionne pas un seul de l’étranger 21, et il ne semble pas qu’il existe de rĂ©seaux Ă©quivalents en Europe du Sud, notamment par Lyon, Marseille et Livourne ou Turin, faute d’une presse importante et libre ou faute de recherches plus poussĂ©es dans cette direction. Dans la premiĂšre moitiĂ© de 1791, la frĂ©quence des nouvelles venues d’Italie dans le Journal de Rouen de Venise, Rome ou Naples par la voie de Turin » suggĂšre ainsi une pĂ©riode de quelques mois pendant laquelle le rĂ©dacteur a pu s’insĂ©rer dans un rĂ©seau de distribution de l’information dont les maillons resteraient Ă  dĂ©tecter, par une comparaison trĂšs attentive des dates de publication et l’identification de la source journal local, parisien ou Ă©tranger. Il resterait enfin Ă  comparer ces rĂ©seaux de presse et sans doute aussi d’une part importante des autres formes d’imprimĂ©, aux dĂ©veloppements ici et lĂ  de mouvements contestataires ou, au contraire, contre-rĂ©volutionnaires. 14La rĂ©volution de l’information se produit en France et en Belgique oĂč elle produit quantitĂ© de nouveaux titres, mais aussi ailleurs oĂč s’opĂšrent une modernisation du journal sur le modĂšle anglais et la mise en place de rĂ©seaux d’approvisionnement et de distribution. Le public Ă©tranger connaissait assez bien, par divers autres canaux, les Ă©vĂ©nements français, au cƓur de l’actualitĂ©. Il est difficile en revanche de cerner les processus matĂ©riels et intellectuels par lesquels la lecture a pu engendrer une contestation semblable Ă  celle des deux pays en RĂ©volution, en raison de la multiplicitĂ© des formes de l’imprimĂ© et de la mĂ©connaissance des rĂ©seaux qu’il empruntait. Au moins, le journal tĂ©moigne-t-il, en partie, de la rĂ©ception de la RĂ©volution Ă  l’étranger et inversement du regard des Français sur leur environnement. 22 Bernard et M. Grenon, Influence des philosophes des LumiĂšres dans la Gazette de MontrĂ©al » ... 23 de Lagrave, L’époque de Voltaire au Canada, MontrĂ©al, 1994, p. 389. 24 Le texte est Ă©galement dans le Quebec Herald, mais, trĂšs curieusement, pas dans la Gazette de Mont ... 15C’est peut-ĂȘtre dans la Gazette de MontrĂ©al de Fleury Mesplet que l’on trouve l’écho le plus fort et le plus durable de la RĂ©volution française 22. L’un des rĂ©dacteurs, depuis 1788, Henri MĂ©ziĂšre, Ă©crira en janvier 1794 Les papiers rĂ©volutionnaires nous parvenaient alors ; plus d’une fois nous les arrosĂąmes de nos pleurs, plus d’une fois ils furent portĂ©s en triomphe dans des clubs et dans des sociĂ©tĂ©s particuliĂšres au sein desquelles nous chantions l’aurore de la LibertĂ©, ses progrĂšs et ses luttes contre les nuages Ă©pais de la superstition et de la tyrannie. » 23 De 1788 Ă  1794, presque tous les numĂ©ros du journal parlent de la France, en commentent les Ă©vĂ©nements et toutes les rĂ©formes 218 numĂ©ros sur 290 conservĂ©s 17 manquent, dont 165 en premiĂšre page, au total 40 % de la surface de cet hebdomadaire ! ParallĂšlement, Samuel Neilson dans la Gazette de QuĂ©bec suit avec attention la marche et le progrĂšs de cette heureuse RĂ©volution » 9 dĂ©cembre 1790, reproduit le texte de la DĂ©claration des droits de l’Homme 24 et, en janvier 1792, consacre un numĂ©ro spĂ©cial de 15 pages Ă  la constitution française, sans compter de temps Ă  autre des textes de Marat. Mesplet est d’ailleurs le plus radical qui dĂšs 1789 espĂšre en France une alliance de la bourgeoisie et du peuple pour balayer l’aristocratie, et aprĂšs Varennes, il appelle de ses vƓux la RĂ©publique. 25 Le Quebec Herald, plus modĂ©rĂ© et plus informatif, Ă©tait encore plus anticlĂ©rical que les deux gaze ... 16Cette rĂ©sonance toujours forte et parfois passionnĂ©e de l’évĂ©nement au Canada n’est pas nostalgie de l’ancienne mĂ©tropole ; elle accompagne plutĂŽt la revendication d’une constitution que le gouvernement britannique octroie finalement en 1791, peut-ĂȘtre inquiet de la rĂ©percussion inattendue de la RĂ©volution et d’une rĂ©plique canadienne possible. Si l’Acte de 1791 qui instaure un premier rĂ©gime parlementaire aux pouvoirs limitĂ©s dĂ©samorce donc une crise politique, il ne met pas fin Ă  la contestation contre le systĂšme fĂ©odal canadien et le poids de l’Église, notamment au moment des Ă©lections de 1792 qui donnent naissance, comme en France, Ă  des clubs d’Amis de la Constitution. Mesplet et Neilson ne dĂ©sarment pas contre l’aristocratie et le clergĂ© du Canada 25. En somme, les Canadiens lisent les Ă©vĂ©nements de France Ă  l’aune de leurs propres problĂšmes, la RĂ©volution française paraĂźt offrir une alternative Ă  une situation locale pour reprendre le titre d’une brochure imprimĂ©e par Mesplet en 1792, il y a au Canada une Bastille septentrionale Ă  abattre. 17De mĂȘme, Ă  partir de l’étĂ© 1790, dans la presse Ă©trangĂšre, comme dans celle de province d’ailleurs, la question religieuse occupe la premiĂšre place dans les nouvelles de France. Au Canada, si l’on est partagĂ© sur la nationalisation des biens du clergĂ© parce que l’Église canadienne Ă©tait touchĂ©e directement par la perte de ses rentes ou sur la Constitution civile du clergĂ©, ces rĂ©formes et leurs commentaires alimentent surtout le dĂ©bat sur la puissance et l’influence de l’église, sur la libertĂ©, les droits du citoyen et, somme toute, sur la philosophie des LumiĂšres longtemps combattue par le clergĂ©. En Italie, et surtout en Toscane, la polĂ©mique entre le pape et le gouvernement français trouve le mĂȘme Ă©cho dans la presse en italien, parce que ces questions sont dĂ©battues depuis les annĂ©es 1740 26 et que la RĂ©volution française offre un modĂšle de solution alternative. 26 J. Boutier, art. cit. 27 Le tome I de 1790 complĂšte le titre par ou Tableau pĂ©riodique & raisonnĂ© des OpĂ©rations de l’Ass ... 18Du cĂŽtĂ© français, Ă  partir de la deuxiĂšme moitiĂ© de novembre 1789, la presse fait Ă©cho Ă  la rĂ©volution brabançonne. La Gazette Nationale ou Moniteur Universel, lancĂ© par Panckoucke le 24 novembre 1789, est l’un des premiers Ă  Ă©tendre ses rubriques Ă  l’étranger, mais le phĂ©nomĂšne est gĂ©nĂ©ral et c’est incontestablement la rĂ©volution belge qui introduit dans une proportion significative les nouvelles de l’étranger dans la presse française, mĂȘme dans les feuilles de province. Le Courier Français de Poncelin de la Roche-Tilhac, lancĂ© le 26 juin 1789, annonce en dĂ©cembre l’élargissement du contenu avec nouvelles de l’Europe 27. Ă  Rouen ou Bordeaux, les nouvelles Ă©trangĂšres apparaissent Ă  la fin de 1789, en janvier Ă  Limoges dont le Journal prolonge son titre par Extraits des Papiers publics nationaux et Ă©trangers. Plus explicitement sont lancĂ©s Ă  la fin de novembre Le Moniteur Patriote ou Nouvelles de France et du Brabant qui, jusqu’en fĂ©vrier 1790, se consacre presque exclusivement aux nouvelles du Brabant et de Paris, aux complots » en France et aux atrocitĂ©s des ImpĂ©riaux » aux Pays-Bas, le Journal Universel ou RĂ©volution des Royaumes 23 novembre 1789 de Audouin, dont certains articles enflammĂ©s sont adressĂ©s aux Brabançons, et bien sĂ»r les RĂ©volutions de France & de Brabant 28 novembre de Camille Desmoulins qui annonce trois sections dont l’une est intitulĂ©e Brabant & autres pays arborant la cocarde & demandant une AssemblĂ©e nationale ». 19Dans les grandes feuilles françaises, on lit presque chaque jour, de novembre 1789 Ă  dĂ©cembre 1790, des nouvelles des Pays-Bas. Le Moniteur reproduit ainsi 97 dĂ©pĂȘches, manifestes, dĂ©clarations et autres proclamations belges du 24 novembre au 31 dĂ©cembre 1789, dont le Manifeste du peuple brabançon » du 24 octobre, encore 294 textes de cette nature pour l’annĂ©e 1790, sans compter les nouvelles proprement dites. La Gazette universelle de Boyer lancĂ©e le 1er dĂ©cembre 1789 est aussi l’une des feuilles plus attentives aux Ă©vĂ©nements du Brabant, parce qu’indĂ©pendamment d’une curiositĂ© bien comprĂ©hensible pour un pays voisin, la rĂ©volution belge fait naĂźtre l’espoir ou la crainte de ce qu’Audouin appelle l’ expansion infinie de la rĂ©volution sur la Terre » Journal Universel. MĂȘme Panckoucke annonce son intention de promouvoir avec son Moniteur la vĂ©ritable politique en France et en Europe » n°1, le droit des peuples contre la politique des souverains, prosĂ©lytisme affichĂ© qui lui vaut d’ailleurs les sarcasmes de Desmoulins. 20La presse de province vĂ©hicule les mĂȘmes rumeurs L’amour de la libertĂ© gagne la Pologne » nouvelle donnĂ©e Ă  Lyon et Rouen en dĂ©cembre 1789, la Cour de Portugal prend toutes les mesures possibles pour empĂȘcher que la RĂ©volution qui s’est opĂ©rĂ©e en France ne se communique Ă  ce royaume » Bordeaux, Rouen et Marseille, fĂ©vrier 1790, l’agitation a gagnĂ© l’évĂȘchĂ© de BĂąle oĂč l’on fait appel Ă  la France mars 1791, une rĂ©volution pareille Ă  la nĂŽtre serait arrivĂ©e en Sardaigne » Marseille, Lyon et Rouen, juin 1791. Enfin, le Courrier de Strasbourg annonce Ă  plusieurs reprises un soulĂšvement populaire en Allemagne et Brissot reprend et rĂ©pand la rumeur dans son Patriote Français. 28 Journal de Rouen, 25 juillet 1791. 21Que ces bruits soient fondĂ©s ou non, la crainte d’une contagion est rĂ©elle Ă  l’étranger. En janvier 1790, l’Espagne interdit l’entrĂ©e de tout imprimĂ© ou toute gravure rĂ©volutionnaire, en fĂ©vrier la surveillance est renforcĂ©e dans le royaume de Naples. En PiĂ©mont, une surveillance attentive des livres venant de France a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mise en place dĂšs les annĂ©es 1770, de mĂȘme qu’à Venise en 1783. La rĂ©volution de 1789 ne fait en quelque sorte qu’accĂ©lĂ©rer un processus dĂ©jĂ  engagĂ© de censure dans une Europe secouĂ©e par une rĂ©volution atlantique » que suggĂšrent, aprĂšs celle des États-Unis, les Ă©vĂ©nements de France et de Belgique, et l’agitation de toute l’Europe et du Canada. On lance Ă  Paris en 1789 La Voix du Peuple ou les Anecdotes du Bonhomme Richard sur les affaires du temps et une Gazette Française & Anglaise qui donne le compte rendu de l’AssemblĂ©e nationale, du Parlement d’Angleterre et du CongrĂšs d’AmĂ©rique, en mĂȘme temps que les mouvements des princes Ă©trangers » et les intrigues des Cours & des Cabinets ». Une lettre d’Albany New York datĂ©e du 1er mai 1791 prĂ©dit que le continent espagnol se dĂ©membrera peut-ĂȘtre plus tard que le continent anglais, mais l’un et l’autre s’émanciperont Ă  coup sĂ»r de l’Europe ; les États-Unis n’ont pas besoin d’employer la force des armes pour opĂ©rer cette rĂ©volution, elle sera l’effet naturel de la force de l’exemple » 28. 29 Ce journal 2 novembre 1789 – 28 aoĂ»t 1790 n’est bilingue que dans ses 4 premiers numĂ©ros. 30 Journal de Rouen, 3 novembre 1790, 6 juin 1791. 31 Ibidem, 15 septembre 1792 22Ce type de discours relĂšve cependant davantage d’une rhĂ©torique convenue et de l’auto-cĂ©lĂ©bration de la RĂ©volution française que d’un rĂ©el sentiment d’appartenance Ă  une communautĂ© universelle ou atlantique. En fait, la seule question prĂ©gnante est l’attitude de l’Angleterre dont on craint l’hostilitĂ©. L’Union ou Journal de la LibertĂ©, qui paraĂźt d’abord sur deux pages en français et deux en anglais avec un titre en lettres gothiques imitĂ©es de la presse britannique, appelle Ă  l’union de la France et de l’Angleterre pour le bonheur du monde » 29. Les patriotes, trĂšs majoritaires, rĂ©pĂštent Ă  l’envi que l’Anglais est naturellement attirĂ© par le peuple français rĂ©gĂ©nĂ©rĂ© dont la renommĂ©e lui apprend de si grandes choses » et il entend que la paix et l’union soient conservĂ©es avec les Français » 30, malgrĂ© Pitt, la bĂȘte noire des journalistes. Or les papiers anglais » que recevaient Paris et les ports de l’Ouest informaient sans ambiguĂŻtĂ© des rĂ©actions de l’opinion publique ou du moins de celles des journaux, et dĂšs 1789, que certains excĂšs avaient choquĂ© de l’autre cĂŽtĂ© de la Manche. Pourtant, Ă  l’étĂ© 1792, la presse française Ă©voque encore les encouragements des Anglais aux dĂ©fenseurs français de la libertĂ© ou la cĂ©lĂ©bration Ă  Édimbourg de l’anniversaire de la RĂ©volution. On peut mĂȘme lire Ă  mesure que les Ă©vĂ©nements du 10 aoĂ»t sont mieux connus Ă  Londres, la prĂ©vention s’affaiblit car les mesures hardies et les partis dĂ©cisifs ne peuvent dĂ©plaire au gĂ©nie anglais » 31. 32 14 % dans le Journal Patriotique de Caen 1790 et 12 % pour les Affiches du Calvados en 1792, 11 ... 33 Une rubrique clairement intitulĂ©e Nouvelles Ă©trangĂšres » n’apparaĂźt souvent que tardivement, en ... 23Sauf cet Anglais dont on cherche l’approbation ou la neutralitĂ©, l’étranger n’est qu’un miroir oĂč se regarde le Français en rĂ©volution et, malgrĂ© son titre prometteur, les RĂ©volutions de France & de Brabant donnent peu de nouvelles internationales si ce n’est pour une chronique de politique intĂ©rieure. Dans les feuilles de province, la part de la rubrique Ă©trangĂšre, quand elle existe, ce qui est loin d’ĂȘtre le cas gĂ©nĂ©ral, reste faible, au mieux 10 Ă  15 % de la surface du journal 32 et, mĂȘlant Ă©vĂ©nements politiques et faits divers ainsi l’éruption du VĂ©suve en mars 1791, elle n’est pas vraiment la chronique d’une rĂ©volution en cours 33. Dans son prospectus du 1er octobre 1790, le rĂ©dacteur de L’Abeille rouennaise avise d’ailleurs le public que s’il m’arrive d’insĂ©rer des faits qui aient trait Ă  la politique Ă©trangĂšre, ils seront choisis de maniĂšre qu’on ne m’accusera pas de m’en servir de remplissage ». L’étranger pĂšse peu, il est vrai, devant le retentissement des journĂ©es rĂ©volutionnaires, des grandes rĂ©formes engagĂ©es ou des Ă©lections rĂ©pĂ©tĂ©es, mais ce traitement de l’information rĂ©vĂšle Ă©galement le regard que les Français portaient sur lui. Dans le prospectus du Journal GĂ©nĂ©ral de l’Europe, lancĂ© Ă  Reims le 1er avril 1790, le rĂ©dacteur annonce son intention de couvrir » la rĂ©volution dans les Pays-Bas, parce que le maĂźtre aime voir les progrĂšs de ses disciples. Nous sommes ce maĂźtre ; les Belges et les LiĂ©geois sont nos disciples ». 24La presse Ă©trangĂšre tĂ©moigne longtemps d’une attention curieuse, et souvent amicale, aux Ă©vĂ©nements de France dont la lecture paraĂźt offrir Ă  l’étranger des arguments de dĂ©bats transposables en solutions politiques locales, et pas nĂ©cessairement une rĂ©volution comme les patriotes français espĂšrent en donner le modĂšle Ă  l’Europe. Et les journaux français auront tĂŽt fait de dĂ©chanter, tel L’Argus du dĂ©partement du Nord & de la Belgique Les Anversois n’ont pas assez d’esprit pour comprendre qu’il n’y a point de vraie libertĂ© sans l’égalitĂ© » 27 novembre 1792, ce peuple [belge] est bornĂ©, trompĂ©, il faut l’éclairer charitablement » 23 janvier 1793. 25A l’étranger, plus que la guerre de 1792, faite aprĂšs tout Ă  deux puissances fĂ©odales » ou tyranniques », c’est l’exĂ©cution du roi, aprĂšs un procĂšs suivi attentivement, qui provoque un revirement de l’opinion. Viendront ensuite les horreurs » de la France rĂ©gicide, sujet de choix pour alimenter la flamme de la contre-rĂ©volution ou simplement briser la dynamique contestataire. Ainsi la Gazette de QuĂ©bec dĂ©noncera le massacre de milliers d’hommes, femmes et enfants de la ville de Lyon, par les Sans-Culottes qui ont brĂ»lĂ© la plus grande partie de cette superbe ville » et les atrocitĂ©s commises Ă  Nantes ». Mais Ă  cette date Neilson est dĂ©cĂ©dĂ© en 1793, suivi dans la tombe par Mesplet au dĂ©but de 1794 et par le Quebec Herald en faillite, triple disparition qui met fin Ă  un Ăąge d’or de la presse contestataire canadienne. 34 En 1792 les gazettes de Lausanne, Bruxelles, Varsovie, HervĂ© et Amsterdam ; en 1793, Neuwied, Brux ... 26On assiste avec la guerre Ă  l’hĂ©catombe des journaux Ă©trangers en français dont certains, souvent les plus anciens, avaient jusqu’ici assez bien rĂ©sistĂ© Ă  la rĂ©volution de la presse. Le cas belge mis Ă  part, oĂč la rĂ©pression de 1790-1791 a condamnĂ© nombre de titres, la pĂ©riode 1792-1794 marque un tournant majeur avec la disparition des gazettes et des journaux culturels en français sur 27 paraissant en Europe au dĂ©but de 1789, 5 meurent en 1789-1791 dont Ă  Berlin et Cologne, 12 entre 1792 et 1794, Ă  Lausanne, Amsterdam, Maastricht, Varsovie, Saint-PĂ©tersbourg, etc. 34. L’Europe est dĂ©sormais moins française et la France entourĂ©e d’ennemis, le Batave, l’Autrichien, le Prussien, le Sarde, l’Espagnol, le Portugais, le Russe, le concours secret des VĂ©nitiens, des GĂ©nois, des Romains, de l’Allemagne, de la Belgique, de LiĂšge, de la SuĂšde » L’Indicateur Politique, Rouen, 22 aoĂ»t 1793, mĂ©lange confus de tant d’espĂšces et d’hommes qui se battent sans savoir pour quoi ni pour qui » Journal de Marseille, 8 juin 1793. La rupture est consommĂ©e entre les Ă©trangers esclaves » et la RĂ©volution qui nous rĂ©gĂ©nĂšre » L’Avant-Garde des PyrĂ©nĂ©es orientales et peut-ĂȘtre justifie-t-elle, en France, l’exploitation Ă  venir de pays conquis plus que libĂ©rĂ©s. 35 Ce tri-hebdomadaire Ă©tait rĂ©digĂ© par John Delafond jusqu’en octobre 1795, puis Claude Parisot. 36 Il paraĂźtra jusqu’en 1914. 27Pourtant, Ă  la mĂȘme Ă©poque on voit naĂźtre Ă  Philadelphie le Courrier de l’AmĂ©rique de John Parker 4 dĂ©cembre 1792 au 22 fĂ©vrier 1793, puis le Courrier Français, quotidien lancĂ© le 15 avril 1794 et paraissant jusqu’au 3 juillet 1798. A New York, la Gazette Française et AmĂ©ricaine bilingue sort le 6 juillet 1795, prolongĂ©e par la Gazette Française jusqu’au 4 octobre 1799. Ces exemples 35 de longĂ©vitĂ© montrent que l’écoute de la RĂ©volution n’a pas totalement cessĂ© avec la guerre, dans un pays neutre et libre. Il est vrai aussi que le premier journal français du Sud, le Moniteur de la Louisiane lancĂ© 36 le 3 mars 1794 par Louis Duclot, un rĂ©fugiĂ© de Saint-Domingue, est nettement contre-rĂ©volutionnaire, surtout avec l’arrivĂ©e Ă  la rĂ©daction en 1796 d’un Ă©migrĂ© royaliste, Jean-Baptiste Lesur-Fontaine. Ensemble ces exemples amĂ©ricains rĂ©vĂšlent un affichage plus net de l’orientation politique qui caractĂ©rise Ă©galement la presse de France sous le Directoire et, avec l’expansion de la Grande RĂ©volution », celle des rĂ©publiques sƓurs. Cette Ă©volution ne disqualifie pas les grands organes d’information comme le Moniteur ou les gazettes anglaises, mais elle marque une clarification idĂ©ologique qui est l’aboutissement d’un processus d’apprentissage du politique dont, en France et Ă  l’étranger, la presse a Ă©tĂ© l’une des Ă©coles. Haut de page Notes 1 H. Gough, The Newspaper Press in the French Revolution, Londres, 1988 et J. Sgard dir., Dictionnaire des journalistes 1600-1789, Oxford, Voltaire foundation, 1999, 2 vol. 2 C. Labrosse & P. RĂ©tat, Naissance du journal rĂ©volutionnaire. 1789, Lyon, 1989. 3 R. Leenaerts, La presse pĂ©riodique en Belgique. Sources pour l’histoire de la presse pĂ©riodique en Belgique depuis 1605 Ă  nos jours, Torhout, 1987, 3 t. 4 R. Moulinas, L’imprimerie, la librairie et la presse Ă  Avignon au xviiie siĂšcle, Grenoble, 1974. 5 P. RĂ©tat, Les journaux de 1789-Bibliographie critique, Paris, 1988. J. Lojek, Les journaux polonais d’expression française au siĂšcle des LumiĂšres, Wroclaw, 1980. 6 J. D. Popkin, News and Politics in the Age of Revolution Jean Luzac’s Gazette de Leyde », Cornell University Press, 1989. 7 R. Dupuy Ă©d., Aux origines idĂ©ologiques de la RĂ©volution journaux et pamphlets Ă  Rennes, 1788-1789, PU Rennes, 2000. 8 A. Nabarra, Presse, pouvoir, et pouvoir de la presse dans l’AmĂ©rique post-rĂ©volutionnaire le cas du Courier de l’AmĂ©rique », VIIth International Congress on Enlightenment, Budapest, 1985. Voir aussi l’article du mĂȘme auteur sur NancrĂšde dans le Dictionnaire des journalistes, op. cit. 9 Sur la presse contre-rĂ©volutionnaire en Angleterre, voir S. Burrows, French exile journalism and European politics, 1792-1814, London, 2000. Quant Ă  la presse coloniale, elle est plutĂŽt partagĂ©e en 1789, cf. A. Nabarra, La Presse coloniale devant la RĂ©volution », International Conference on the Press and the RĂ©volution of 1789, PU Lyon & Grenoble, Vizille, 1988. 10 Bruxelles, 1789, in-8°, 16 p. 11 Pour servir Ă  l’histoire de la RĂ©publique des Provinces Belgiques-Unies, par Mr. J. Chateignier, Bruxelles, Jorez fils, 1789, in-8°, 4 p. 12 Gand, G. Huyghe, 1790, 12 p. 13 J. Boutier, Les imprimĂ©s rĂ©volutionnaires français en Toscane entre publicitĂ© et clandestinitĂ© 1789-1792 », MĂ©langes de l’École française de Rome, Italie et MĂ©diterranĂ©e, 1990, CII, p. 423‑468. 14 Plus vaguement et avec peu de modestie, le Courrier Français se proposait en souscription Ă  toute l’Europe ». 15 R. Chartier et Martin, Histoire de l’édition française, II. Le livre triomphant 1660-1830, Paris, 1984. 16 La Chronique tire Ă  1400 exemplaires en septembre 1791 et 2600 en janvier 1793. 17 R. GĂ©rard, Le Journal de Marseille de FerrĂ©ol Beaugeard, Paris, 1964. 18 J. Boutier, art. cit. 19 Les plus souvent mentionnĂ©s Ă©tant les quotidiens de Londres Star, Times, London Chronicle, Morning Chronicle, Morning Herald, Morning Post, Public Advertiser. A. Stuart, The British periodical press and the French Revolution, 1789-99, Houndmills, Basingstoke & New York, 2000. 20 S. Tucco-Chala, Charles-Joseph Panckoucke et la librairie française, 1736-1798, Pau-Paris, 1977. 21 R. GĂ©rard, Le Journal de Marseille
, op. cit. 22 Bernard et M. Grenon, Influence des philosophes des LumiĂšres dans la Gazette de MontrĂ©al », p. 14-38 et de Lagrave, Comment Ă©valuer l’influence de la RĂ©volution française au Bas-Canada le tĂ©moignage des mots », p. 135-145, dans S. Simard dir., La RĂ©volution française au Canada français actes du colloque d’Ottawa 1989, Ottawa, 1991. 23 de Lagrave, L’époque de Voltaire au Canada, MontrĂ©al, 1994, p. 389. 24 Le texte est Ă©galement dans le Quebec Herald, mais, trĂšs curieusement, pas dans la Gazette de MontrĂ©al et Jean-Paul de Lagarde suggĂšre une Ă©dition particuliĂšre. 25 Le Quebec Herald, plus modĂ©rĂ© et plus informatif, Ă©tait encore plus anticlĂ©rical que les deux gazettes françaises, mais il est vrai que c’était la feuille des anglophones trĂšs majoritairement protestants. 26 J. Boutier, art. cit. 27 Le tome I de 1790 complĂšte le titre par ou Tableau pĂ©riodique & raisonnĂ© des OpĂ©rations de l’AssemblĂ©e Nationale, suivi d’une correspondance
 de toute l’Europe ». 28 Journal de Rouen, 25 juillet 1791. 29 Ce journal 2 novembre 1789 – 28 aoĂ»t 1790 n’est bilingue que dans ses 4 premiers numĂ©ros. 30 Journal de Rouen, 3 novembre 1790, 6 juin 1791. 31 Ibidem, 15 septembre 1792 32 14 % dans le Journal Patriotique de Caen 1790 et 12 % pour les Affiches du Calvados en 1792, 11 % du Nouvelliste National Toulouse en 1790 et 10 % de la Chronique Nationale & Ă©trangĂšre Rouen en 1792. 33 Une rubrique clairement intitulĂ©e Nouvelles Ă©trangĂšres » n’apparaĂźt souvent que tardivement, en 1791 dans les Affiches de Toulouse, et surtout en 1792 aprĂšs l’entrĂ©e en guerre Journal du Tarn. 34 En 1792 les gazettes de Lausanne, Bruxelles, Varsovie, HervĂ© et Amsterdam ; en 1793, Neuwied, Bruxelles et deux autres Ă  Bouillon ; en 1794, ClĂšves, Saint-PĂ©tersbourg, Maastricht. 35 Ce tri-hebdomadaire Ă©tait rĂ©digĂ© par John Delafond jusqu’en octobre 1795, puis Claude Parisot. 36 Il paraĂźtra jusqu’en de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Eric Wauters, Presse francophone et RĂ©volution la lecture de l’évĂ©nement 1789-1793 », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 94-95 2005, 197-210. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Eric Wauters, Presse francophone et RĂ©volution la lecture de l’évĂ©nement 1789-1793 », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 94-95 2005, mis en ligne le 01 janvier 2008, consultĂ© le 24 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Auteur Eric Wauters Professeur d’histoire moderne, UniversitĂ© du HavreHaut de page
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LA PÉRIODE DES SAVOIE DU XIIE SIÈCLE À 1536 La premiĂšre mention Ă©crite du chĂąteau de Chillonℱ date de 1150. À cette Ă©poque, les comtes et comtesses de Savoie possĂšdent la fortification. Son emplacement sis entre montagnes et lac qui relie le Nord au Sud par la Via Francigena est stratĂ©gique. La famille de Savoie contrĂŽle le passage devant le chĂąteau et la nouvelle ville de Chillon, Villeneuve, qu’empruntent voyageurs, marchands et pĂšlerins qui se rendent en direction de Rome en passant par le col du Grand-Saint-Bernard. De cette maniĂšre, les comtes de Savoie tirent un revenu en instaurant un pĂ©age en Ă©change de la sĂ©curitĂ© et de l’entretien de la route. Au XIIIe siĂšcle, Pierre II de Savoie entreprend des travaux d’embellissement du chĂąteau qui devient une rĂ©sidence d’étĂ©. Les souterrains Ă  voĂ»tes gothiques sont une spĂ©cificitĂ© de Chillon, construites habituellement dans les cathĂ©drales. Ils abritent les caves oĂč se trouvent notamment le garde-manger et la cave Ă  vin. C’est dans la derniĂšre partie que la prison est Ă©difiĂ©e autour des piliers de molasse et de la roche abrupte. Il s’agit de la fameuse geĂŽle dite de Bonivard, un prĂȘtre et opposant aux Savoie catholiques, en raison de ses convictions de rĂ©formĂ©, alors enfermĂ© pendant 6 ans. La dynastie de Savoie continue sa conquĂȘte du territoire du Pays de Vaud reprĂ©sentant deux tiers de la Suisse romande actuelle. AmenĂ©s Ă  se dĂ©placer pour gouverner et rester en contact avec leurs sujets, les comtes nomment un chĂątelain qui rĂ©side en permanence dans le chĂąteau pour s’occuper de leurs affaires. Petit Ă  petit, Chillon est Ă©cartĂ©, la cour de Savoie prĂ©fĂ©rant d’autres chĂąteaux. En 1436, AmĂ©dĂ©e VIII, avant d’ĂȘtre appelĂ© Ă  la papautĂ© sous le nom de FĂ©lix V, tente de redonner vie au chĂąteau. Il y envoie son maĂźtre d’Ɠuvres, Aymonet Corniaux, un charpentier chargĂ© d’entretenir les Ă©difices du Chablais et du Pays de Vaud. Il y fait d’importants travaux et modifie le systĂšme dĂ©fensif au sommet des tours et des enceintes. Cet effort reste sans lendemain et Chillon sera dĂ©laissĂ© jusqu’à l’arrivĂ©e des Bernois en 1536. Bretagne/ Morbihan / CommunautĂ© de communes Arc Sud Bretagne / La Roche-Bernard Principaux Ă©vĂ©nements - La Roche-Bernard 8 Concert 6 Spectacle musical 6 Spectacle de rue 4 Error 403 Guru Meditation XID 163021850 Varnish cache server Vouspourrez aussi trouver des lieux Ă  visiter Ă  CamoĂ«l, FĂ©rel, La roche-bernard, Marzan, Nivillac, PĂ©aule, Saint-dolay, ThĂ©hillac. Vous pouvez aussi affiner votre recherche pour trouver des choses Ă  faire dans les environs de CamoĂ«l, FĂ©rel, La roche-bernard, Marzan, Nivillac, PĂ©aule, Saint-dolay, ThĂ©hillac.
Ajouter Ă  une liste de favoris L’agenda de nos animations Festivals, spectacles, concerts, randonnĂ©es, balades et activitĂ©s nature, expositions, théùtre ou encore numĂ©ros de cirque au Pays des Achards, c’est tout au long de l’annĂ©e ! 1001 propositions pour un agenda bien rempli et de bons moments partagĂ©s en perspective. Savourez, vibrez et partagez avec nous un moment de fĂȘte et d’évasion ! Vous consultez rĂ©guliĂšrement notre agenda ? Recevez chaque mois nos animations par mail en vous inscrivant gratuitement Ă  la Newsletter de l’Office de Tourisme ! Filtres Fermer les filtres 343 rĂ©sultats Affiner ma recherche Le Mer2408 Ajouter Ă  une liste de favoris Du 24 AoĂ»t 2022 au 30 AoĂ»t 2022 EXPOSITION AU GRENIER DU PRÉ Exposition, Beaux-Arts de 09h00 Ă  19h00 85220 LA CHAPELLE-HERMIER Gratuit Le Mer2408 Ajouter Ă  une liste de favoris Du 24 AoĂ»t 2022 au 14 Septembre 2022 EXPOSITION JEAN-CLAUDE CHAUVET Exposition, Histoire, Vie locale 85150 LES ACHARDS Gratuit Le Jeu2508 Ajouter Ă  une liste de favoris Du 24 AoĂ»t 2022 au 30 AoĂ»t 2022 EXPOSITION AU GRENIER DU PRÉ Exposition, Beaux-Arts de 09h00 Ă  19h00 85220 LA CHAPELLE-HERMIER Gratuit Le Jeu2508 Ajouter Ă  une liste de favoris Du 25 AoĂ»t 2022 au 30 Septembre 2022 EXPOSITION COULEURS EN VIE Exposition, Beaux-Arts, Bien-ĂȘtre de 09h50 Ă  18h00 85220 LA CHAPELLE-HERMIER Gratuit Le Jeu2508 Ajouter Ă  une liste de favoris LES ESTIV’ARTS ATELIER DESSIN Stage – Atelier, Beaux-Arts, Savoir-faire locaux de 10h00 Ă  11h30 85190 BEAULIEU-SOUS-LA-ROCHE Le Jeu2508 Ajouter Ă  une liste de favoris Du 24 AoĂ»t 2022 au 14 Septembre 2022 EXPOSITION JEAN-CLAUDE CHAUVET Exposition, Histoire, Vie locale 85150 LES ACHARDS Gratuit Le Ven2608 Ajouter Ă  une liste de favoris Du 24 AoĂ»t 2022 au 30 AoĂ»t 2022 EXPOSITION AU GRENIER DU PRÉ Exposition, Beaux-Arts de 09h00 Ă  19h00 85220 LA CHAPELLE-HERMIER Gratuit Le Ven2608 Ajouter Ă  une liste de favoris Du 25 AoĂ»t 2022 au 30 Septembre 2022 EXPOSITION COULEURS EN VIE Exposition, Beaux-Arts, Bien-ĂȘtre de 09h50 Ă  18h00 85220 LA CHAPELLE-HERMIER Gratuit Le Ven2608 Ajouter Ă  une liste de favoris RANDONNÉE GOURMANDE RandonnĂ©e – Promenade – Sortie, Gastronomie, PĂ©destre 18h00 85190 BEAULIEU-SOUS-LA-ROCHE Le Ven2608 Ajouter Ă  une liste de favoris ACH’STIVALES Festival, Illuminations – Son et lumiĂšre, Musique 20h30 85150 LES ACHARDS Gratuit
Unnouveau rendez-vous du rire débutera en octobre. La grande salle du tout nouveau hÎtel Ibis 3 étoiles programmera 6 à 8 dates par mois de café-théùtre ou de one-man-show.
Des QuĂ©bĂ©cois arrĂȘtĂ©s le week-end dernier Ă  Toronto, aprĂšs les manifestations contre le G20, reviennent Ă  MontrĂ©al avec des tĂ©moignages Ă  faire frĂ©mir. Ils ont eu froid, faim et peur. Ils ont pleurĂ©, grelottĂ©. Parfois, ils ont ri. Et tous se pincent ces Ă©vĂ©nements se sont-ils vraiment passĂ©s dans le Canada du XXIe siĂšcle? Mis Ă  jour le 2 juill. 2010 Dans la vie de tous les jours, Maryse et Jacynthe Poisson sont des Ă©tudiantes d'universitĂ© vives, intelligentes et engagĂ©es. La premiĂšre Ă©tudie en travail social, la seconde en droit international. L'Ă©tĂ©, elles travaillent comme animatrices, l'une avec des jeunes, l'autre dans un quartier dĂ©favorisĂ©. Ce sont aussi des soeurs jumelles. Elles ont 21 ans. Mais pendant un cauchemar qui aura durĂ© presque 60 heures, Maryse et Jacynthe n'Ă©taient plus rien de tout cela. Elles Ă©taient devenues des dĂ©tenues dĂ©signĂ©es par un numĂ©ro inscrit sur un bracelet 5366 pour Maryse, 5340 pour Jacynthe. Pendant ces presque 60 heures, Maryse et Jacynthe ont mangĂ© seulement quelques sandwichs au fromage Kraft. ParquĂ©es dans des cellules aux murs grillagĂ©s, leur univers se limitait Ă  une toilette chimique laissĂ©e Ă  la vue de tous, Ă  un nĂ©on jamais Ă©teint et Ă  un plancher de bĂ©ton froid. Elles se sont fait confisquer leurs chaussures, leur montre et leur soutien-gorge. Oui, oui, leur soutien-gorge. C'est Ă  cause de l'armature de mĂ©tal, potentiellement dangereuse, paraĂźt-il. Au moment de monter dans le fourgon cellulaire, Jacynthe s'est mĂȘme fait prendre ses lunettes. Comme elle est trĂšs, trĂšs myope, elle a passĂ© prĂšs de trois jours dans le brouillard, incapable de lire les badges des policiers qui la traitaient comme elle n'avait jamais imaginĂ© ĂȘtre traitĂ©e dans son pays, le Canada. Car cette histoire se passe bel et bien au Canada, en 2010. Jacynthe et Maryse font partie du millier de personnes qui ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es aprĂšs que des casseurs eurent fait dĂ©raper les manifestations contre le sommet du G20. Il Ă©tait environ 8h45, dimanche, quand les policiers armĂ©s sont entrĂ©s dans le gymnase de l'UniversitĂ© de Toronto oĂč elles dormaient en compagnie de 200 autres jeunes QuĂ©bĂ©cois. Police! Haut les mains!» ont criĂ© les agents. C'est lĂ  que le cauchemar a commencĂ©. Il s'est terminĂ© quand elles sont rentrĂ©es Ă  MontrĂ©al, dans la nuit de mardi Ă  mercredi, avec une accusation de complot sur les bras. Nous nous sommes rencontrĂ©es dans un cafĂ©, oĂč elles m'ont racontĂ© leurs deux jours et demi d'incarcĂ©ration, leurs moments de rĂ©volte, de dĂ©prime et d'impuissance. Mais aussi les bulles d'humour et de solidaritĂ©. Leur rĂ©cit confirme ceux d'autres manifestants arrĂȘtĂ©s au cours du week-end. Il recoupe les observations de l'Association canadienne pour les libertĂ©s civiles, selon laquelle la vaste opĂ©ration policiĂšre du week-end Ă©tait disproportionnĂ©e, arbitraire et excessive». Le hasard L'avocat que Jacynthe et Maryse ont fini par consulter avant d'ĂȘtre libĂ©rĂ©es leur a conseillĂ© de ne pas tĂ©moigner publiquement des Ă©vĂ©nements du samedi, jour de la grande manifestation, tant que leurs dĂ©mĂȘlĂ©s judiciaires ne seront pas terminĂ©s. Je me contenterai donc de noter que c'est le hasard le plus pur qui les a fait atterrir dans les autocars nolisĂ©s par la Convergence de luttes anticapitalistes CLAC, qui ont amenĂ© des dizaines de manifestants Ă  Toronto. Pourquoi manifester contre le sommet des chefs d'État? Maryse voulait dĂ©noncer certaines positions du gouvernement Harper, comme le rejet de la taxe bancaire. Jacynthe voulait se faire une meilleure idĂ©e du G20. Ses professeurs en parlent plutĂŽt favorablement. Elle voulait voir l'autre cĂŽtĂ© de la mĂ©daille. Au lieu de ça, elle est passĂ©e de l'autre cĂŽtĂ© du miroir... RĂ©veil brutal AprĂšs l'arrivĂ©e des policiers, les jeunes ont Ă©tĂ© sommĂ©s de rester assis, les mains Ă  la vue des agents. Interdit de s'habiller. Interdit de se rendre aux toilettes. Un Ă  un, ils ont dĂ©clinĂ© leur identitĂ©, fait fouiller leur sac, tendu leurs mains pour se faire menotter. Et ont attendu. C'est lĂ  qu'un policier a demandĂ© Ă  Jacynthe de lui remettre ses lunettes. En cas d'accident du fourgon cellulaire, elles risquaient de lui causer des blessures. ArrivĂ©es au centre de dĂ©tention temporaire, c'est le choc ces cages mĂ©talliques, ces toilettes dĂ©couvertes, ça semblait sortir d'un mauvais film. Dans une cage, il y avait plein de filles toutes recroquevillĂ©es. C'Ă©tait dĂ©gradant», raconte Maryse. Dans leur rĂ©cit, Maryse et Jacynthe ont de la difficultĂ© Ă  situer les Ă©vĂ©nements dans le temps. Faute de points de repĂšre, les Ă©tapes de leur dĂ©tention se fondent en un magma oĂč certains Ă©lĂ©ments se dĂ©coupent avec une prĂ©cision chirurgicale. On devait crier pour tout. Pour avoir de l'eau. Du papier toilette. De temps en temps, on recevait un petit verre en styromousse ou quelques feuilles de papier», raconte Maryse. Certains dĂ©tenus s'entassaient Ă  30 dans une cage. Quand ils avaient faim ou soif, ils secouaient la plaque de mĂ©tal fixĂ©e sur la grille. Le vacarme Ă©tait infernal. Les policiers se promenaient entre les cages en criant des noms et des numĂ©ros, l'air perdu. Dans la cellule de Maryse, il y avait une femme qui souffrait de problĂšmes de santĂ© mentale. Elle rĂ©clamait ses mĂ©dicaments. Calm down», lui disaient les policiers. Elle a fini par pĂ©ter une coche, elle a criĂ© et frappĂ© sur les murs.» Il a fallu qu'elle en arrive lĂ  pour obtenir des soins. DĂ©pouillĂ©es de tous leurs biens, les prĂ©venues qui avaient Ă©tĂ© surprises dans leur sommeil ne portaient pour la plupart qu'un short et une camisole. Certaines ont obtenu des chaussettes ou un chandail. Toutes ont eu froid. Fouille Ă  nu Impossible de dormir trop froid, trop bruyant. À un moment, on a commencĂ© Ă  appeler les jeunes femmes une Ă  une. Celles qui revenaient tremblaient et pleuraient. Elles venaient de subir leur premiĂšre fouille Ă  nu. À un moment, les filles» sont transfĂ©rĂ©es, pieds et mains liĂ©s, vers la Cour, puis vers la prison des femmes. DeuxiĂšme fouille Ă  nu, devant une porte ouverte cette fois. À un moment, les jumelles subissent un interrogatoire surrĂ©aliste. As-tu l'intention de te suicider dans les deux prochaines heures?» Puis Es-tu folle?» Elles s'Ă©tonnent encore de cette formulation mĂ©prisante. À la prison des femmes, les prisonniĂšres finissent par recevoir leur premier repas digne de ce nom et des uniformes verts qui les tiennent plus au chaud. Mardi, elles comparaissent enfin devant le juge, qui les informe de leur acte d'accusation complot avec intention criminelle. Avant de partir, Maryse et Jacynthe doivent encore signer leurs conditions de libĂ©ration. Signez tout de suite», leur dit le policier. Quand elles prennent le temps de lire le document, elles se font menacer de retourner en prison. Quand elles protestent, elles se font rĂ©pondre La prochaine fois, vous irez commettre votre crime au QuĂ©bec!» Enfin libres, les filles tombent dans les bras de leur pĂšre. Mais encore faut-il aller chercher leurs biens Ă  la prison des femmes. Maryse retrouve presque tout, sauf une Ă©charpe, un manteau et une petite culotte d'une couleur suspecte le noir... Jacynthe, elle, n'a jamais rĂ©cupĂ©rĂ© ses affaires. Elle est sortie de prison sans papiers d'identitĂ©, sans carte bancaire. Et sans lunettes. Montagnes russes Pendant leur incarcĂ©ration, les deux jeunes femmes ont connu les montagnes russes, passant de la colĂšre Ă  l'abattement. Parfois, les dĂ©tenus se livraient Ă  des jeux pour passer le temps. Des jeux d'enfant oĂč, par exemple, ils personnifiaient des animaux pour dĂ©fier les policiers. Ils nous traitaient comme des animaux, alors...» Et il y a aussi eu des moments de dĂ©lire joyeux. Dominic, Ă©tudiant en sociologie, raconte comment les gars de sa cellule ont fabriquĂ© un ballon en plastique et styromousse. C'Ă©tait l'Italie contre le Ghana... Mais ces moments de lĂ©gĂšretĂ© ne changent rien au fond des choses Maryse, Jacynthe, Dominic, tout comme Émilie Guimond-BĂ©langer, l'Ă©missaire de QuĂ©bec solidaire au G20, elle aussi accusĂ©e de complot, ont tous Ă©tĂ© profondĂ©ment choquĂ©s par ce qu'ils ont vĂ©cu. Jamais je n'ai senti que les policiers me considĂ©raient comme si j'Ă©tais prĂ©sumĂ©e innocente», dit Jacynthe. Jamais je n'aurais cru que mes droits pouvaient ĂȘtre violĂ©s comme ça», dit sa soeur jumelle. Émilie Guimond-BĂ©langer souffre d'hypoglycĂ©mie et il a fallu qu'elle se sente dĂ©faillir pour qu'un policier prenne son Ă©tat au sĂ©rieux. Je ne demandais pas des oreillers de plume, je voulais juste manger!» Et tous racontent comme il Ă©tait pĂ©nible d'ĂȘtre maintenus dans l'ignorance absolue de ce qui les attendait. Pire d'ĂȘtre sans cesse nourris de faux espoirs. Le verre d'eau s'en vient; le coup de fil, c'est pour bientĂŽt. Des heures plus tard, toujours rien. Dominic est un jeune homme costaud de 23 ans. Mais Ă  un moment, il a craquĂ©. Une nuit, il a vu ses compagnons couchĂ©s sur le sol, grelottant dans leur sommeil. On aurait dit qu'ils faisaient une crise d'Ă©pilepsie.» Dominic a alors Ă©clatĂ© en sanglots. Pendant un moment, il a eu l'impression d'ĂȘtre Ă  GuantĂĄnamo. Les gars de sa cellule ont d'ailleurs rebaptisĂ© leur prison. Ils l'ont appelĂ©e Torontonamo».
7EKVS.
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