ï»żTĂ©lĂ©chargercette image : Ancienne ancre dans les buissons sur la rive sous le mur de pierre de Milna, Croatie - 2DA62PG depuis la bibliothĂšque dâAlamy parmi des millions de photos, illustrations et vecteurs en haute rĂ©solution.
De retour d'Illusiopolis, la Shin-Ra m'avait de nouveau confiĂ© une mission. Je n'Ă©tais pas fiĂšre de ma mission prĂ©cĂ©dente je m'Ă©tais trop laissĂ©e guider par mes Ă©motions. J'ai commis des erreurs, je pense. La mission n'Ă©tait pas un Ă©chec, mais j'ai le sentiment que j'aurai pu faire mieux... Peut-ĂȘtre ? Je ne sais pas. A peine le temps de me remettre de la fusillade au Vaisseau-MĂšre que je retrouve Francis. Francis. Francis, quoi. Vous auriez vu son sourire quand je me suis approchĂ©e de son vaisseau pour dĂ©coller, on aurait dit un enfant. Un enfant avec un bout de cigare dans la bouche, mais un enfant quand mĂȘme. Enfin, vous me comprenez. Le temps que Francis finisse de prĂ©parer le vaisseau, je m'assois Ă l'intĂ©rieur et ... Je m'endors. Pour un petit moment. " Starships were meant to flyyyyyy ! Hands up, and touch the skyyyyyy !" vibrait dans la cabine, me sortant de ma torpeur alors qu'on avait dĂ©jĂ dĂ©collĂ© depuis un moment, manifestement."Francis, coupez votre musique de sauvage, je vous Oh, elle est pas mal celle-lĂ pourtant !" dit-il, un peu grognon. Il me regarde un instant, en voyant mon regard, il a dĂ» se dire que c'Ă©tait plus sage d'Ă©teindre. Francis me prĂ©cise que nous serons bientĂŽt arrivĂ©s Ă destination. Une demie heure tout au plus. Satisfaite, je me remĂ©more ma mission rapidement je dois mettre fin Ă une mutinerie dans une mine de gemmes dans une zone dĂ©nommĂ©e " ForĂȘt de Sherwood". Je me demande pourquoi le directeur n'a pas tout simplement envoyĂ© des agents combattants de la Shin-Ra pour Ă©liminer les responsables de la mutinerie j'imagine que le climat de conflits actuels dans le monde entre les rebelles et les forces gouvernementales locales a dĂ» peser dans la dĂ©cision. Me voici nĂ©gociatrice pour la Shin-Ra dans un monde en conflits. Quelle nouvelle rĂ©jouissante ! La direction m'avait prĂ©venu de la nature des habitants de ce monde et de la gĂ©ographie locale je m'Ă©tais habillĂ©e en consĂ©quence. Pas de bottes en cuir Ă talons hauts cette fois-ci, des bottes standards, une tenue en cuir adaptĂ©e au voyage dans les bois. Cependant, je me rĂ©servais une petite touche de fĂ©minitĂ© avec quelques accessoires, comme mes boucles d'oreille. En toc, oui. Je ne vais pas prendre le risque d'amener des objets trop prĂ©cieux dans une rĂ©gion habitĂ©e par un "Roi des Voleurs", ce serait insensĂ© de ma part. C'Ă©tait la premiĂšre fois que je venais Ă la ForĂȘt de Sherwood. Cette idĂ©e d'atterrir dans un lieu inconnu et en guerre me faisait plus peur que de devoir nĂ©gocier avec des ouvriers mutins, Ă©trangement. J'allais devoir user de ruses pour bafouer les esprits des mineurs et les convaincre de retourner au travail dans les plus brefs dĂ©lais. Plus vite le problĂšme Ă©tait rĂ©glĂ©, plus vite la Shin-Ra me confierait des missions croustillantes ! Le plan de route initial nous emmenait Ă Nottingham, la ville de ce monde. C'Ă©tait une procĂ©dure standard, mais plus on s'approche du point d'arrivĂ©e, plus mon instinct me dit que ce n'est pas une si bonne idĂ©e. Ce monde a des rebelles sur les bras dans la forĂȘt. De ce que j'ai pu entendre au Vaisseau-MĂšre, les autoritĂ©s sont trĂšs tendues au niveau des va-et-vient entre la ville et la zone forestiĂšre, notamment Ă cause desdits rebelles. Si j'atterris en ville, il y a beaucoup de chances que des gardes me suivent - ou d'autres gĂȘneurs- et compromettent ma mission dans la forĂȘt. De mĂȘme, je ne peux pas atterrir trop profondĂ©ment dans la forĂȘt en premier lieu, car je n'ai pas la connaissance du terrain et ensuite, car je n'ai pas envie de tomber nez-Ă -nez avec des rebelles armĂ©s. " Francis. Changez l'itinĂ©raire. Utilisez la localisation de la mine pour nous trouver une clairiĂšre oĂč atterrir."Francis acquiesce et dĂ©tourne lĂ©gĂšrement sa trajectoire. Nous survolons la forĂȘt Ă prĂ©sent, et je n'ai toujours qu'une vague idĂ©e de comment rĂ©duire cette mutinerie Ă nĂ©ant. Je ne sais pas pourquoi, mais en pensant Ă ces mineurs, je pense Ă des fourmis qui se seraient rebellĂ©es contre la Reine. La Reine Ă©tant la Shin-Ra dans cette mĂ©taphore. La clĂ© du problĂšme n'est peut-ĂȘtre pas la Reine ici. Il va falloir que j'aille voir ces mutins et leurs responsables pour comprendre l'origine de la rĂ©volte et en fonction de cela, je verrai comment les ramener dans mon giron. Enfin, le giron de la Shin-Ra, vous m'avez compris. Nous sommes entrĂ©s dans le monde. Nous survolons actuellement une forĂȘt. J'imagine que c'est la fameuse ForĂȘt de Sherwood, on m'avait prĂ©venu qu'elle Ă©tait de taille impressionnante, mais lĂ c'est Ă dĂ©fier l'entendement, un peu comme le ventre de Francis. Les arbres ont le feuillage Ă©pais et leurs longues branches semblent vouloir s'Ă©tirer Ă l'infini vers le ciel dans une sorte de compĂ©tition vĂ©gĂ©tale hors normes. On peut deviner au loin quelques formes de pierre. J'imagine que cela doit ĂȘtre la ville. Francis vole prĂšs des arbres pour Ă©viter que nous nous fassions repĂ©rer. Judicieux de sa part. Moins de tĂ©moins, c'est toujours bien. Nous nous mettons Ă tourner autour d'un point. " Francis, vous ĂȘtes perdu ?- Non, non... C'est le soleil qui affole mes systĂšmes de pilotage..." me rĂ©pondit-il, lĂ©gĂšrement hĂ©sitant. AprĂšs quelques minutes, il repart vers le nord. Je m'accoude Ă mon siĂšge, je me tiens correctement pour ne pas le froisser. Quand je pense que la direction m'a fait croire que c'Ă©tait un "pilote expĂ©rimentĂ© avec de nombreuses annĂ©es d'expĂ©rience". ProblĂšmes d'orientation mis Ă part, il semblait ĂȘtre plutĂŽt Ă l'aise, c'est vrai. Puis, nous ne nous Ă©tions pas encore Ă©crasĂ©s sur le sol, ce qui en soi, est plutĂŽt bon signe. On oublie trop souvent ces petits dĂ©tails qui ont leur importance dans la vie. AprĂšs quelques minutes supplĂ©mentaires, Francis trouve une petite clairiĂšre oĂč nous pouvons nous poser. Nous atterrissons calmement, dissimulĂ©s par l'Ă©paisse forĂȘt. La clairiĂšre est ensoleillĂ©e, un vrai petit endroit verdoyant rempli de vies sauvages vĂ©gĂ©tales. La luminositĂ© autour du vaisseau tranche avec celle par-delĂ les premiers arbres situĂ©s Ă quelques mĂštres. Les nombreuses feuilles obstruent la lumiĂšre du jour, crĂ©ant un environnement plongĂ© dans une certaine pĂ©nombre. La forĂȘt doit ĂȘtre effrayante la nuit. Pas Ă©tonnant que les rebelles se cachent ici, ainsi que ce fameux "Roi des Voleurs". Francis m'accompagne quelques instants dehors. " Vous ĂȘtes sĂ»re de votre coup cette fois-ci ? La ville est pas trĂšs loin sinon. - J'ai survĂ©cu Ă Illusiopolis Francis. Je ne pense pas que deux arbres et quelques fougĂšres sauvages vont avoir raison de moi en quelques heures. - C'est vous qui voyez." finit-il par dire. La clairiĂšre est constituĂ©e d'herbes hautes, arrivant Ă la hauteur de mes genoux. Quelques souches d'arbres gisent lĂ , et d'aprĂšs la mousse qu'il y a dessus, elles sont lĂ depuis un moment. Nous sommes exposĂ©s ici, c'est indubitable. Cependant, pour poser le vaisseau, nous n'avons pas tellement d'autres choix. AprĂšs quelques brĂšves observations, je retourne au vaisseau avec Francis. Il sort une carte de la rĂ©gion. Il me dessine quelques directions. " Alors ma petite dame, c'est pas compliquĂ©... N'importe quelle femme peut y arriver ! HĂ© HĂ© ! Alors, oui... Donc... La mine est lĂ , Ă l'Est d'ici. A vu de nez, je dirai qu'il y a deux kilomĂštres Ă parcourir. Avec la forĂȘt et tout ça, je pense qu'il vous faudra une heure pour y aller. Mine de rien, la forĂȘt est plein de chemins bizarres et les lignes droites, ça n'existe pas ici. Donc venez pas me crier dessus aprĂšs si vous avez deux heures au lieu d'une, c'est pas ma faute. - C'est notĂ©, Francis. Des remarques sur les habitants du monde ? - Je ne me suis jamais habituĂ© Ă ces animaux qui parlent et agissent comme nous. MĂ©fiez-vous des De quoi ? - Oubliez. Un souvenir difficile. Vous ne comprendriez pas." dit-il, les yeux baissĂ©s. Ne souhaitant pas rester Ă parler des souvenirs "douloureux" de Francis et de ses annĂ©es avant la Shin-Ra, je lui notifie mon dĂ©part et je lui prĂ©cise que si dans trois jours, je ne suis pas de retour... Qu'il appelle des renforts et qu'ils viennent me rĂ©cupĂ©rer. Pas trĂšs rassurĂ©, il me regarde partir avant de remonter dans son vaisseau et de fermer toutes les portes. Craignant certainement une attaque. Je m'avance dans les bois, j'ai ramassĂ© un bĂąton pour m'appuyer et marcher. J'avance avec prudence, j'essaye d'effacer un peu les traces de mon passage par sĂ©curitĂ©. Je m'attends Ă croiser n'importe qui ou n'importe quoi ici. De toute façon, je ne suis, en apparence, pas armĂ©e. Sauf si les rebelles ou les gardes locaux ont des outils permettant de voir Ă travers les vĂȘtements, et Ă©trangement, je ne le souhaite pas vraiment au vu des circonstances. Je suis un sentier tortueux, j'essaye de me repĂ©rer par rapport Ă la carte de Francis. Je crois que je suis la bonne route. AprĂšs une heure de marche, je ne suis toujours pas arrivĂ©e. Je continue d'avancer en essayant de nettoyer mes traces. C'est alors que je remarque une trace de pas sur le sol. Je me penche sur cette trace pour l'inspecter. Hum. Cela a l'air d'ĂȘtre une botte humaine. Il y a donc des gens dans les parages, peut-ĂȘtre des rebelles ? Peut-ĂȘtre des gardes ? Je suis peut-ĂȘtre dĂ©jĂ suivie ou alors... Je me redresse lentement. Ils m'observent peut-ĂȘtre dĂ©jĂ Ă l'heure qu'il est. Qu'est-ce que je fais ? Si je cours, je risque d'ameuter trop de gens, si je ne bouge pas, ils vont peut-ĂȘtre m'attraper. Je me remets Ă marcher, en tentant de paraĂźtre la plus naturelle possible. Je m'arrĂȘte mĂȘme pour sentir la dĂ©licieuse odeur de petites fleurs sauvages bleutĂ©es. La senteur me rappelle le marchĂ© aux fleurs de ma ville natale, Chengdu. J'aurai pu y aller si je n'Ă©tais pas en mission ici, tiens. J'en aurai profitĂ© pour voir mes parents et leur dire que tout va bien. Je reprends rapidement mes esprits, c'est vrai que je suis suivie. Je commence Ă accĂ©lĂ©rer un peu la marche. Je finis presqu'en marche rapide au niveau des fougĂšres, traçant mon chemin comme une furie. Je ne vais pas courir quand mĂȘme, c'est si vulgaire et enfantin ! Je continue mon petit numĂ©ro pendant un moment, et au bord de l'essoufflement, je trĂ©buche sur une racine et je m'effondre sur le sol comme une vieille patate en rĂąlant. C'est mal entretenu ces chemins ! Vivement que le gouvernement collecte les taxes pour faire des routes dĂ©centes. C'est in-accep-table cette situation. Je me redresse en m'appuyant sur un vieux chĂȘne... Mais un dĂ©tail me perturbe... Cet arbre-lĂ ... Je suis dĂ©jĂ passĂ©e devant tout Ă l'heure. AprĂšs un examen des environs, je me rends compte que j'ai tournĂ© en rond et que j'ai Ă©tĂ© suivie par... Moi-mĂȘme. Song Huayan, tes compĂ©tences en survie devront ĂȘtre amĂ©liorĂ©es. AprĂšs que j'ai jurĂ© de ne rien dire de cette histoire Ă Francis, je reprends une autre direction que j'espĂšre ĂȘtre celle de la mine. AprĂšs une bonne demi-heure de marche, je finis par effectivement arrivĂ©e Ă la lisiĂšre d'une clairiĂšre qui semble servir d'accĂšs principal Ă la mine. Il y a des chariots avec des minerais, quelques tentes et feux de camp, des vigiles et du matĂ©riel de mineurs. Cela me semble ĂȘtre une bonne piste. Je remarque immĂ©diatement la forme Ă©trange des habitants de ce monde ils ressemblent en tout point Ă des humains dans leurs attitudes, sauf qu'ils sont des animaux. Mais comment font-ils pour se nourrir par consĂ©quent ? Ils se mangent entre eux ? C'est Ă©trange tout ça. Je demanderai Ă Francis Ă l'occasion, peut-ĂȘtre qu'il n'est pas si inutile que cela aprĂšs tout. Mon effet de surprise ne durera pas longtemps. Autant commencer les nĂ©gociations au plus tĂŽt. Je sors de derriĂšre mes fougĂšres et je m'avance vers l'un des vigiles. Il ressemble Ă un panda, mais avec des couleurs diffĂ©rentes. Et il n'a pas de tĂąches blanches. Peut-ĂȘtre un cousin Ă©loignĂ©, ou alors c'est le soleil qui lui a fait perdre sa couleur blanche, qui sait ? Il me pointe une lance devant le nez en me demandant qui je suis. C'est une question lĂ©gitime, vu les circonstances. J'essaye de rester calme face Ă cet immense individu, je reprends mon souffle et je me mets Ă table " Je m'appelle Madame Song. HonnĂȘte commerçante de par-delĂ les mondes. Je viens des Terres du Dragon et j'ai entendu parler de votre situation actuelle. Je suis venue parler affaires avec votre Comment vous nous avez trouvĂ© ? - L'une des personnes Ă qui vous vendez vos gemmes m'a parlĂ© de vous bien sĂ»r et elle m'a donnĂ© vos coordonnĂ©es gĂ©ographiques, tout simplement." rĂ©pondis-je, tĂąchant de croire un minimum Ă ce que je racontai Ă ce vigile. Il avait l'air suspicieux. Tout le monde le serait dans sa situation. Il abaisse sa lance, il me jauge du regard. Il doit se dire qu'au vu de mon gabarit, je ne dois pas ĂȘtre un souci trĂšs compliquĂ© Ă Ă©liminer si je me rĂ©vĂšle dangereuse. Il fronce les sourcils. D'autres vigiles nous ont vu discutĂ©. Il appelle l'un de ses collĂšgues, un canard en armure "Qu'est-ce qui se passe Jaime avec la dame ? Elle n'a rien Ă faire ici, elle dĂ©gage, c'est tout. - Je sais Tony, mais elle dit ĂȘtre une commerçante et qu'elle veut parler affaires avec le Aaaaaaah, il fallait que tu me le dises plus tĂŽt, gros badaud que tu es ! Venez avec moi Madame !" dit le canard en me regardant. Je vous avoue que sur le moment, j'imaginai plus la taille du plat de canard pĂ©kinois qu'on pourrait faire avec ce Tony. Je dois me recentrer sur la mission, la mission. On entre dans une grande tente adossĂ©e Ă l'entrĂ©e principale de la mine. Les mineurs et les vigiles me regardent tous plus ou moins discrĂštement. Ce n'est pas forcĂ©ment un regard agressif, mais ils doivent bien se demander ce que fait une personne comme moi ici. Dans la grande tente, je vois un gros cochon attablĂ© en plein repas. Devant lui, une quantitĂ© assez impressionnante de tartines avec du beurre, des confitures de fraises et de mĂ»res. Il a une large serviette avec des petits carrĂ©s blancs et rouges accrochĂ©e Ă son col. Il semble ĂȘtre dans une combinaison de mineur, d'ailleurs il a un casque avec une petite lampe dessus. En me voyant entrer, il pose la grosse tartine beurrĂ©e qu'il avait dans la main "C'est qui ça Tony ? Cela ne te dĂ©range pas de me perturber pendant mon repas ?!- Je comprends monsieur le ContremaĂźtre Ribbs... Mais je me suis dit que je pouvais vous interrompre pendant votre goĂ»ter pour vous prĂ©senter une invitĂ© commerçante venant d'un autre monde... - Interrompre mon goĂ»ter ? Pauvre fou ! Tu as interrompu mon troisiĂšme goĂ»ter !- J'entends bien monsieur le ContremaĂźtre Ribbs mais... - Oui ça ira ! J'ai compris ! C'est encore une conspiration contre mon rĂ©gime ! Vous ne voulez vraiment pas que je maigrisse, c'est ça ? Retournez Ă votre poste Tony avant que je vous licencie pour incompĂ©tence et complot insurrectionnel !" beugla le contremaĂźtre en direction du canard, qui dĂ©cida de quitter la tente, non sans marmonner quelques mots Ă l'encontre de son chef. Le cochon me regarde un moment. Il s'essuie les mains, dĂ©goutantes de beurre et de confitures, il a l'air mĂ©fiant. Il a les sourcils froncĂ©s, il bouge sa langue de gauche Ă droite pour nettoyer ses dents des morceaux de nourriture bloquĂ©s et finalement pose sa serviette sur la table de bois disposĂ©e devant lui. Nous restons un moment Ă nous regarder. J'attends le moindre signal de sa part pour m'annoncer. Il s'agite un peu, s'appuyant d'un cĂŽtĂ© de sa chaise, puis de l'autre, cherchant une position plus confortable. Je ne soutiens pas son regard, mais je reste souriante. J'en profite pour sortir mon Ă©ventail de ma tenue pour m'Ă©venter et montrer que je suis bien Ă©trangĂšre aux environs. Il dĂ©cide finalement Ă me faire un signe pour que je puisse m'asseoir sur une chaise disposĂ©e Ă sa droite. Je le remercie d'un signe de tĂȘte et je m'installe. Ma petite vadrouille dans la forĂȘt m'aura usĂ© les jambes et une chaise, mĂȘme aussi inconfortable que celle-ci, ne sera pas de refus. " Vous voulez quoi ? - Je suis une commerçante. Je suis ici pour faire des affaires avec vous. - Vous ĂȘtes envoyĂ©e par la Shin-Ra ?" me demande t-il. Question piĂšge si je dis oui, je me ferme la nĂ©gociation, si je dis non je vais devoir ruser. Pas le choix, le non s'impose ici. Je vais devoir ĂȘtre sournoise sur cette affaire. " Non, je suis une Vous me rassurez Ă vrai dire. - Ah ? Pourquoi ? - J'ai peur que la Shin-Ra nous envoie de gros moyens pour nous faire rentrer dans les rangs, mais bon, le passĂ© c'est le passĂ© ! C'est quoi votre proposition ?" dit-il d'un ton plutĂŽt enjouĂ©, tranchant avec ses prĂ©cĂ©dentes intonations plutĂŽt agressives. MalgrĂ© cet engouement apparent, je sens bien qu'il a l'air inquiet. En tant que contremaĂźtre, il doit certainement savoir mieux que tout le monde ce qu'il risque Ă se rebeller officiellement contre notre compagnie. MĂȘme si je suis ici pour accomplir la volontĂ© de la direction, j'accorde Ă Ribbs un certain courage. MĂȘme si dans son cas, c'Ă©tait risquĂ©. TrĂšs risquĂ©. Il a eu de la chance que la situation locale soit dĂ©jĂ explosive pour Ă©viter l'envoi de troupes au sol qui elles n'auraient pas attendues d'ĂȘtre reçues Ă table. Je lui dispense un large sourire, pour tenter de le rassurer un peu plus. J'effectue quelques mouvements d'Ă©ventail, puis je dĂ©cide de rĂ©pondre Ă son interrogation " J'ai appris que vous aviez quittĂ© le giron de la Shin-Ra. Avant de m'Ă©tendre sur ma proposition, je souhaiterai savoir ce qui s'est passĂ© entre vous et la compagnie ?" dis-je d'un ton posĂ©, calme. Peut-ĂȘtre un peu trop froid. Je vois que le cochon respire un grand coup. Il pose ses mains sur la table, il baisse un peu les yeux. Il semble rĂ©flĂ©chir, il penche un peu la tĂȘte sur le cĂŽtĂ©. Je suppose qu'il pĂšse le pour et le contre. Il finit par lever les yeux vers moi " Les salaires de base Ă©taient trop bas. On travaillait Ă extraire des gemmes, pour au final se retrouver avec Ă peine de quoi vivre. Avec le conflit actuel dans la rĂ©gion, entre les rebelles et Nottingham, la nourriture s'est rarĂ©fiĂ©e et les prix ont augmentĂ© pour tout. J'avais sept enfants, j'admets que ça me coĂ»te chĂšre. Mais mĂȘme les cĂ©libataires avaient Ă peine de quoi vivre... - Vous "aviez" sept enfants ?" demandai-je. Le cochon baissa les yeux et son groin semblait s'humidifier Ă vu de nez. Cette simple affaire semblait cacher des choses beaucoup plus sombres que ce que je pouvais imaginer. " J'ai deux enfants qui sont morts de faim... Avec la mutinerie, on pensait pouvoir rĂ©cupĂ©rer suffisamment d'argent sur la vente pour pouvoir sortir nos familles de la misĂšre. MĂȘme si on a rĂ©ussi Ă effectivement pouvoir gagner plus, la situation a tellement empirĂ© avec Nottingham et les rebelles que la nourriture reste manquante. C'est dur, mais on a pas le choix. Le temps qu'un camp ou l'autre gagne, nous les civils, nous devons attendre et souffrir en silence. On a voulu briser ce cycle en se rĂ©voltant mais au final ça nous a attirĂ© des problĂšmes et on nâarrive toujours pas Ă joindre les deux Mais alors, pourquoi toutes ces tartines sur la table si vous manquez de nourriture ? - J'ai... Faim. Je sais que je ne devrais pas mais dĂšs qu'on reçoit un peu de nourriture je me goinfre. Et encore, je vous assure que j'essaye de me maĂźtriser en faisant un rĂ©gime. J'ai perdu dix kilogrammes en un mois, c'est vous dire. - Ah... Oui. Je suis dĂ©solĂ© pour vos enfants. Je ne pensai pas que la situation locale Ă©tait si dramatique."dis-je, en marquant une pause. Ces gens semblaient souffrir de la guerre, c'est indĂ©niable. Mon problĂšme, c'est que je ne suis pas venue ici aider ces gens, je suis venue pour rĂ©tablir l'autoritĂ© de la Shin-Ra. Je ne peux pas me permettre d'user la maniĂšre forte, dĂ©jĂ car je n'ai pas d'armes et ensuite car au vu du contexte, ce serait contre-productif un groupe important de mineurs qui a faim et qui est en colĂšre, c'est jamais quelque chose de joyeux, pour personne. La direction de la Shin-Ra veut cette mine, mais les mineurs ne veulent pas de la compagnie. Cependant, ils ont l'air suffisamment dĂ©sespĂ©rĂ©s pour lancer des nĂ©gociations commerciales avec une femme Ă©trangĂšre trouvĂ©e dans les bois autour de la mine en tenue de voyageuse. Donc, lĂ oĂč il y a du dĂ©sespoir, il y a une fenĂȘtre. Le seul moyen de reprendre le contrĂŽle de la situation, c'est d'aider ces mineurs Ă s'en sortir et pouvoir nourrir leurs familles. La situation est si critique qu'ils se sont rebellĂ©s contre la Shin-Ra, mais ils sont raisonnĂ©s ils ne l'ont pas fait par unique appĂąt du gain, ils l'ont fait pour survivre. Il y a une offre la Shin-Ra propose de rĂ©cupĂ©rer la mine et les mineurs souhaitent pouvoir survivre. Une offre, une demande. Il va falloir satisfaire les deux parties, tout en dissimulant l'implication directe de la Shin-ra dans la nĂ©gociation. Cela va ĂȘtre compliquĂ©. " HĂ© bien, ContremaĂźtre Ribbs. MalgrĂ© les tragĂ©dies qui s'abattent sur vous et vos compagnons, je peux peut-ĂȘtre vous aider en vous proposant une refonte de votre modĂšle de dĂ©veloppement. Cependant, avant de vous dĂ©tailler ma proposition point par point, je souhaiterai que vous me fassiez visiter vos installations... Je souhaiterai voir les gemmes de mes propres yeux avant de vous offrir quoique ce soit. - Il n'y aucun souci. Je vais faire le tour avec vous." dit-il, en s'essuyant le groin avec sa serviette. Nous nous levons ensemble, et nous quittons la tente. Il remet sa tenue correctement, prend une lanterne et m'ouvre la voie. Nous entrons dans la mine. Maintenant que j'ai saisis le principal souci des mineurs, qui est la nourriture, je me rends compte que la plupart des gens sont affaiblis physiquement. Certains ont la peau sur les os, d'autres ont des traces de pertes de poids assez marquĂ©es, beaucoup sont fatiguĂ©s. Le ContremaĂźtre me montre quelques gisements de gemmes. Mes yeux se mettent quelque peu Ă briller. Ces gemmes doivent se revendre Ă un prix exorbitant sur le marchĂ©. Non, je ne prendrai rien. Rassurez-vous. Je sais me tenir quand il faut. N'Ă©tant pas trĂšs Ă l'aise dans les profondeurs de la terre, je lui demande de me faire remonter. Nous retournons Ă la surface, il me montre la chaĂźne de "conditionnement" c'est la partie oĂč les mineurs trient les gemmes des dĂ©chets et qu'ils mettent les heureuses Ă©lues dans des caisses Ă destination du centre de la Shin-Ra. Ils sont assez bien organisĂ©s et en plus les ouvriers ont l'air de pouvoir porter des charges plus lourdes que des humains, du moins pour ceux qui me dĂ©passent en taille et en poids. Cela augmente le rendement, au moins sur cette partie de lâexploitation. Les ouvriers ont un esprit volontaire. MalgrĂ© les Ă©preuves et les souffrances tant physiques que psychologiques, ils continuent de travailler en donnant leur maximum. Câest indĂ©niablement quelque chose Ă prendre en considĂ©ration dans lâoffre que je prĂ©pare. Je me dis que la Shin-Ra a tout intĂ©rĂȘt Ă employer la nĂ©gociation avec ces gens plutĂŽt que la force perdre des ouvriers comme ceux-lĂ , câest Ă termes perdre de lâargent et du rendement. ContremaĂźtre Ribbs. Les derniĂšres prospections qui ont Ă©tĂ© effectuĂ©es sont-elles plutĂŽt enthousiastes sur les rĂ©serves de gemmes dans les sous-sols ? - A vrai dire, on a commencĂ© le travail relativement rĂ©cemment avec la Shin-Ra. Les rĂ©serves sont Ă peine entamĂ©es. Il y a du travail pour plusieurs annĂ©es encore, si on continue sur le mĂȘme rythme. » me il y a un potentiel, des rĂ©serves et une unitĂ© de production dĂ©jĂ en place. Le seul problĂšme, câest lâorganisme qui gĂšre lâensemble. Une idĂ©e se dessine au fur et Ă mesure de ma visite. La Shin-Ra se moque de savoir comment elle perçoit sa marchandise et ses gains, donc je vais lui donner un petit masque et tout le monde nây verra que du feu. Les ouvriers ont lâair de me prendre suffisamment au sĂ©rieux qui plus est. Câest bon signe. Nous finissons la visite des installations, ma foi, trĂšs rudimentaires. Nous ne sommes pas ici sur un niveau de technologie similaire au Vaisseau-MĂšre, câest certain. Nous regagnons la tente principale, dâautres responsables sont prĂ©sents. Le jour commence Ă tomber et le soleil, dĂ©jĂ discret, disparaĂźt peu Ă peu derriĂšre les arbres. Le chef des vigiles, Tony le canard, rentre assez prĂ©cipitamment dans la tente Ă son tour. Il court vers le ContremaĂźtre Ribbs ContremaĂźtre, il y a des gardes de Nottingham qui approchent ! Jâai peur quâils fouillent le coin Ă la recherche de rebelles ! » dit-il, agitĂ©. Les personnes prĂ©sentes sous la tente me regardĂšrent. Certains avec mĂ©fiance, dâautres avec inquiĂ©tude. Le ContremaĂźtre Ribbs mâagrippe le bras soudainement et me tire vers lâarriĂšre de la tente Nous nâavons pas le choix, cachez vous dans ce tonneau et priez pour que ce soit moi qui vienne vous chercher tout Ă lâheure ! » me dit-il, Ă voix basse. Suivant ses consignes, je rentre dans le dos, et je referme le couvercle. Ribbs enlĂšve le bouchon du tonneau pour me laisser de lâair et que je puisse voir un peu ce qui se passe. Je sens quâon me soulĂšve et quâon me porte Ă cĂŽtĂ© de la mine, sur un tas de caisses. Une patrouille de six gardes sâavance dans le camp. Le contremaĂźtre Ribbs et Tony vont Ă leur rencontre. Ils discutent pendant un petit moment. Vu le groin de Ribbs qui remue dans tous les sens, je doute que ce soit une discussion cordiale. Les six gardes sont armĂ©s et ont les visages fermĂ©s, rĂ©solus. Ribbs et Tony sâĂ©cartent, les mineurs, ouvriers se sont arrĂȘtĂ©s de travailler et regarde les invitĂ©s-surprises avec mĂ©fiance. Ils commencent Ă inspecter le camp, ils fouillent quelques caisses et semblent satisfaits dây trouver des gemmes. Je les entends rigoler un peu et⊠Ils se mettent Ă prendre mes gemmes ! Euh⊠Les gemmes de la mine ! Les ouvriers ne font rien, ils regardent les soldats se servir, leurs mines se dĂ©composant au fur et Ă mesure. Ils nâont pas dâautres choix que de subir. Sans la protection de la Shin-Ra, certains se permettent des actes qui auraient Ă©tĂ© punis autrement. Câest lĂąche. Ils se remettent un peu Ă fouiller, Ă la recherche de rebelles. Ils sâapprochent de ma position. Je ne souhaite prendre aucun risque et je me meus comme je peux dans ce tonneau pour lancer un sort. Un Instant Silencieux. Comme cela, ils nâentendront pas ma respiration ou que sais-je encore ? Je les entends parler, ils demandent Ă Ribbs de pouvoir fouiller les caisses. Ouvrir les caisses ? Pour que vous puissiez voler encore ? !- On ne vole pas, on rĂ©quisitionne au nom de Nottingham ! - Câest ça oui ! Et ma femme est une poule aussi pendant quâon y est ?- Tu as un problĂšme avec les poules sale cochon ?!- Seulement avec celles qui se croient tout permis ! - Tu oses tâopposer Ă lâautoritĂ© en place ? Si câest le cas, tu peux dĂ©jĂ dire au revoir Ă tous tes ouvriers ! » finit par dire le capitaine des gardes. Ribbs ne fit pas un mot de plus. Il sait certainement ce que le capitaine suggĂ©rait comme idĂ©e. Etrangement, je ne lui en voulais pas. Je peux comprendre que dans une telle situation, on ne puisse pas vraiment changer le cours des choses. Je me concentre sur mon sort, pour le maintenir. Jâattends, silencieuse et alerte. Je les vois sâapprocher de plus en plus. Je sens mon cĆur qui bat de plus en plus fort. Ce nâest pas vraiment de la peur, plus une forme dâadrĂ©naline qui monte peu Ă peu. Ils ouvrent les premiĂšres caisses, toujours sous le regard du ContremaĂźtre Ribbs et de Tony. Je sens quâils saisissent le tonneau pour le dĂ©placer. Ils le font basculer et le font rouler. Je suis comme dans le rouleau dâune vague, je tourne dans tous les sens, me cognant aux bords. Les gardes sâapprĂȘtent Ă ouvrir le tonneau, je suis mal partie⊠Câest bon les gars ! Pas de rebelles Ă lâhorizon. On rentre Ă Nottingham avant quâils fassent trop sombre ! » cria le capitaine des gardes. Ouf ! Je lâai Ă©chappĂ© belle. Les gardes abandonnent le tonneau et retournent auprĂšs de leur chef et repartent sur le sentier par lequel ils Ă©taient arrivĂ©s plus tĂŽt. Quelques instants plus tard, le ContremaĂźtre Ribbs revient vers moi et ouvre le tonneau en me tendant sa patte Vous pouvez sortir, ils sont partis. » me dit-il, essayant dâĂȘtre rassurant. Je mâextirpe du tonneau comme je peux. Peu ravie de la tournure des Ă©vĂšnements, je ne peux que comme ces gens, subir les conflits locaux. La nuit commence Ă tomber, certains mineurs retournent vers leur maisonnĂ©e tandis que dâautres vivent dans des baraquements lĂ©gĂšrement Ă lâĂ©cart de la mine. Le ContremaĂźtre Ribbs me fait savoir quâil rentre chez lui, emportant un sac de provisions rĂ©cemment arrivĂ©, et quâil reviendra Ă lâaube. Je ne sais pas si câest depuis que la Coalition Noire est Ă lâĆuvre dans la rĂ©gion ou si les lieux sont ainsi depuis toujours, mais la forĂȘt a un aspect inquiĂ©tant, presque menaçant. Câest assez perturbant. Tony propose de mâescorter jusquâaux baraquements oĂč je pourrai passer la nuit. Je le suis, toujours pleines de questions quant Ă la condition des habitants de ce monde. Que mangent-ils ? Comment vivent-ils sans sâentretuer ? Comment font-ils pour parler ? Si je raconte Ă mes parents que jâai discutĂ© avec un canard armĂ© dâune lance et habillĂ© comme un humain, je pense quâils se poseraient de sĂ©rieuses questions quant Ă lâĂ©tat de mon esprit. Les baraquements ne sont pas des habitations luxueuses, loin de lĂ . Les ouvriers qui y vivent sont assez jeunes pour la plupart. Je me penche vers Tony et lui demande Pourquoi la plupart des habitants des baraquements ont lâair plus jeunes que les autres employĂ©s que jâai vu pendant la journĂ©e ? - Ah, beaucoup sont des rĂ©fugiĂ©s Ă vrai dire. La mine est un peu Ă lâĂ©cart des zones rebelles et de Nottingham. Beaucoup de ces jeunes se sont enfuies et sont sans-familles. DâoĂč les baraquements, dâailleurs. Les autres vivent dans la forĂȘt ou proche de la ville. » me rĂ©pondit-il, discrĂštement pour Ă©viter de trop attirer lâattention des travailleurs. Les baraquements sont assez bien entretenus, au vu du contexte. Ici aussi, on surveille la nourriture avec attention, chaque morceau est rationnĂ© pour le bien de tous. Ils me regardent pour la plupart avec des yeux curieux, pour eux aussi cela doit ĂȘtre ĂȘtre original de voir un ĂȘtre comme moi ici. Tony me conduit Ă une salle » vide, avec une couverture au sol, il mâindique que ce sera lĂ oĂč je pourrai dormir cette nuit en attendant le lever du soleil. Câest rustique, mais au moins vous ĂȘtes en sĂ©curitĂ© ici. »Il referme la porte, me donnant un peu dâintimitĂ© et ne souhaitant certainement pas Ă subir mes commentaires sur lâendroit. Au moins, je nâai pas Ă aller fricoter avec les rebelles. Câest dĂ©jà ça. Bien, bien. Installons-nous alors ! Je fais le tour de la piĂšce du regard, il nây a pas vraiment de place pour marcher de toute façon. Je mâassois sur la couverture posĂ©e Ă mĂȘme le sol. Je me remets un peu de la journĂ©e. Je dĂ©tecte une prĂ©sence suspecte, proche. Quelque chose ou quelquâun est proche de la fenĂȘtre de ma petite chambre. On mâespionne ? Moi ? Je sors un des couteaux de ma botte que je garde en main. Je me concentre sur la petite fenĂȘtre, je vais lâouvrir tout doucement. Les bois de la fenĂȘtre se mettent Ă grincer, me signalant que mon pouvoir semble marcher. La fenĂȘtre est ouverte. Jâattends un peu avant de bouger. Rien. Mais je sens toujours une prĂ©sence, soit mes pouvoirs deviennent fous, soit lâindividu ne bouge pas. Je vais aller chercher tiens. Jâessaye de me dĂ©placer silencieusement vers la fenĂȘtre, ce qui est difficilement faisable vu lâĂ©tat du parquet. Je me plaque contre le mur, je risque un Ćil pour regarder dehors rien. Câest bizarre. Je range mon couteau dans ma botte et je sors carrĂ©ment la tĂȘte pour voir. AH ! » sursautai-je, faisant dĂ©sormais face au petit espion. Je me saisis de lui et le fait passer par la fenĂȘtre pour le poser sur le sol de ma chambre. Dites donc ! On espionne les demoiselles dans leurs chambres ? - Nan mais jâai pas fait exprĂšs ! - Tiens donc ! Comment tu tâappelles ? - Noah, madame ! Mais je ne vous espionnai pas, je vous jure ! Ce sont les mineurs qui mâont dit quâil y avait une dame dâun autre monde Ă la mine ! Du coup, jâai voulu voir de mes propres yeux ! » dit le petit espion. Câest un enfant. Un petit corbeau, manifestement. Je remarque que son plumage est sale et quâil a une tenue en mauvais Ă©tat. Ses grands yeux noirs me regardent avec intĂ©rĂȘt, rien de malsain, plus une forme de curiositĂ© enfantine. Je me demande ce quâil pouvait faire bien lĂ , tout seul, dans un camp de mineurs Ă cette heure si tardive. Je retourne mâasseoir sur ma couverture, en lui demandant de faire de mĂȘme. OĂč sont tes parents ? Ils travaillent tard le soir et tu es tout seul ? - Mes parents sont partis, madame, câest le ContremaĂźtre Ribbs qui me lâa dit. - Partis ? Partis oĂč ? - Des messieurs du Sheriff de Nottingham sont venus les chercher il y a plusieurs semaines. Le ContremaĂźtre Ribbs mâa dit quâils avaient des problĂšmes et quâils Ă©taient partis pour longtemps, au-delĂ de la forĂȘt ! » me dit-il dâun ton plutĂŽt enjouĂ©. Je garde mon sourire de façade, mais ce qui ce petit me raconte est absolument dramatique. Ses parents ont dĂ» ĂȘtre arrĂȘtĂ©s et exĂ©cutĂ©s par les autoritĂ©s et ils se retrouvent seuls Ă errer dans le camp de mineurs comme un mendiant. MĂȘme sâil ne prend pas conscience de sa condition actuelle, il souffrira en grandissant. Tu as des oncles, des tantes, des frĂšres ou des sĆurs ? - Nan madame ! Mes parents nâavaient pas beaucoup de famille. Ce sont les contremaĂźtres qui ont acceptĂ© que je puisse habiter dans les baraquements et prendre un peu de nourriture pour moi. - Tes parents travaillaient ici ? - Oui, mon papa Ă©tait mineur et ma maman aidait Ă trier les Attend un instant ici, Noah. » dis-je. Je me lĂšve et je sors de la chambre. Je demande aux mineurs dâune piĂšce voisine sâils ont un peu de nourriture pour moi. Ils me passent avec rapiditĂ© une cruche dâeau et des morceaux de pains avec un petit pot de confiture de fraises des bois. Je les remercie et repart dans ma chambre, oĂč le petit Noah Ă©tire ses ailes en mâattendant. Jâinstalle la nourriture sur un tabouret de bois et je lâinvite Ă approcher Mange ce que tu veux Noah. Je nâai pas trĂšs faim Oh merci, câest gentil ! » dit-il, se jetant presque sur la nourriture. Je me redresse un peu, le laissant manger Ă sa faim. Vu la vitesse Ă laquelle il mange, il doit ĂȘtre vraiment affamĂ©. Je me dĂ©couvre presque sentimentale. Arnaquer des gens peu honnĂȘtes, des riches, des gouvernements, des criminels, des voleurs, des soldats pour mon profit, câest dans mes cordes. Je lâai dĂ©jĂ fait, et je le referai. Arnaquer des gens qui nâont dĂ©jĂ plus rien et Ă peine de quoi manger⊠Je comprends les impĂ©ratifs de la Shin-Ra mais lĂ il y a clairement une situation qui doit attĂ©nuer notre jugement sur eux. Je perdrais la face si jâarnaque ces mineurs et ce pauvre orphelin. Je me tourne vers la fenĂȘtre, que je laisse ouverte pour faire rentrer un peu dâair frais. Je regarde la lune qui monte peu Ă peu comment je vais faire pour rĂ©gler la situation ? Vous venez dâoĂč madame ? » dit le petit misĂ©reux. Il me sort de ma rĂȘverie, je me retourne vers lui. Je lui offre un sourire, et je mâaccroupis prĂšs de lui. Il sâassoit par terre, attendant comme une histoire. Ce nâest pas une histoire triste que je dois lui raconter, sinon ce petit ne sâen sortira jamais. Je viens dâun monde qui sâappelle les Terres du Dragon. Mon pays est la Chine. Nous adorons la nourriture et nous combattons les mĂ©chants Huns qui essayent de nous envahir. Nous aimons raconter des histoires sur les prouesses de nos guerriers ! Mon papa Ă moi est marchand et ma mĂšre fait des tissus Oh câest trop bien ! Cela ressemble Ă quoi la Chine ? - Bonne question, Noah. La Chine est un pays qui a de nombreux paysages, il y a la mer, les montagnes, les vallĂ©es et des fleuves ! Dans le sud, il fait trĂšs chaud et humide, tandis quâau nord il fait trĂšs froid lâhiver, trĂšs chaud lâĂ©tĂ© ! Les maisons sont faites en pierres, en bois et en tuiles ! - Et vous avez aussi un vilain Sheriff qui vient embĂȘter vos parents ? - Non. Enfin, si. Mais il ne sâappelle pas Sheriff chez nous, on lâappelle le Percepteur des ImpĂŽts ». Il vient pour nous demander de payer les taxes, mais il est moins mĂ©chant quâici. - Tu es venue ici pour nous aider ? - Hum⊠En quelque sorte, oui. - Comment tu vas faire ? - HĂ© bien⊠Je vais essayer de proposer des solutions aux contremaĂźtres et sâils sont dâaccord, on pourra peut-ĂȘtre amĂ©liorer la vie de tout le monde. - Et pourquoi tu fais ça madame ? - Pour⊠Hum⊠Câest mon travail, voilĂ ! » rĂ©pondis-je, lĂ©gĂšrement gĂȘnĂ©e par la derniĂšre question. Il acquiesce, toujours avec les yeux grands ouverts. Cette affaire va ĂȘtre compliquĂ©e Ă rĂ©soudre. Je vais essayer de me reposer pour que les nĂ©gociations commencent le plus rapidement possible demain. Noah, tu as quelque part oĂč dormir ? » demandai-je, avec ton sĂ©rieux mais pas trop autoritaire, je ne souhaite pas lâeffrayer. Il baisse la tĂȘte et les plumes. Je pense que jâai ma rĂ©ponse. Mets-toi sur la couverture Noah, tu dors ici ce soir. Va te coucher, il est tard pour un petit comme toi ! »Il sautille pendant quelques et sans mots, il se pose sur la couverture. Fermant les yeux. Je ferme la fenĂȘtre et je me couche prĂšs de lui. Quand je pense que je vais dormir avec un bĂ©bĂ© corbeau qui parle. Quel monde Ă©trange. Je reste Ă©veillĂ©e pendant une bonne partie de la nuit, je veille en partie sur le petit mais je pense surtout Ă ma mission. Je pense avoir une petite idĂ©e lâactionnariat. Jâai entendu parler de cela Ă Illusiopolis les employĂ©s deviennent actionnaires de la compagnie et donc ont des dividendes lorsque la mine vend plus. Lâapport de dĂ©part pourra ĂȘtre fourni avec ce que les mineurs ont gagnĂ© depuis la mutinerie. Cela coĂ»tera un peu plus chĂšre Ă la Shin-Ra mais entre cela et perdre tous les profits Ă©ventuels, ce petit sacrifice ne devrait pas entacher la survie de lâentreprise. La nuit se finit calmement. Le jour se lĂšve. Jâentends des bruits dans les baraquements, tout le monde se lĂšve pour une nouvelle journĂ©e de travail. Jâen profite pour me refaire une petite beautĂ©. Je jette un coup dâĆil Ă Noah. Câest la premiĂšre fois que jâĂ©prouve autant de pitiĂ© pour des personnes dans ce genre de situations. Je mâaccroupis et je commence Ă lui nettoyer un peu les plumes avec le peu de moyens que jâai sous la main. Il se dĂ©bat vainement, il sait quâil ne peut Ă©chapper Ă mon emprise ! Une fois la toilette faite, je sors des baraquements avec Noah Ă la recherche de Ribbs. Nous croisons Tony qui nous indique que Ribbs nous attend dans la tente principale, la mĂȘme quâhier, avec les autres contremaĂźtres. Ils sont prĂȘts Ă recevoir mon offre. HĂ© bien, câest le moment de briller pour mes fameux talents de nĂ©gociatrice. Ne riez pas. Je fais ce que je peux pour survivre dans cet univers. Je mâapproche de la tente, je demande Ă Noah de mâattendre Ă lâentrĂ©e. Câest pour les grandes personnes Ă lâintĂ©rieur. Je rentre. Il y a dix contremaĂźtres autour de la table, dont Ribbs. Ils ont lâair sĂ©rieux et concernĂ©s. Lâair est Ă©lectrique. Jâai intĂ©rĂȘt Ă ĂȘtre convaincante, sinon câest fini pour la mission. Silencieuse, je mâassois sur la chaise qui me semble dĂ©signĂ©e. Je garde la tĂȘte haute et un lĂ©ger sourire. Il ne faut absolument pas laisser paraĂźtre une quelconque once dâanxiĂ©tĂ©. Nous vous Ă©coutons, madame. » dit Ribbs, le groin sec. Je repris ma respiration. Je regarde tour Ă tour chacun des individus. Je sors mon Ă©ventail, certains le regardent avec intĂ©rĂȘt, dâautres prĂ©fĂšre se concentrer sur moi. Messieurs les contremaĂźtres, laissez-moi dâabord le plaisir de me prĂ©senter. Je suis Madame Song, je viens dâun autre monde. Je suis une femme dâaffaires et votre situation actuelle, attirante Ă©conomiquement mais dĂ©sastreuse en termes de niveau de vie, me force Ă devoir changer lâoffre initiale que jâavais en tĂȘte en venant vous voir. Je souhaitais auparavant vous proposer un contrat standard, uniforme, presque semblable Ă celui que vous aviez avec votre ancien employeur. Cependant, au vu des Ă©lĂ©ments nouveaux que jâai pu constater de mes propres yeux, je souhaite vous offrir une autre alternative. Lâactionnariat. Quâest-ce que câest et comment le mettre en place ? Câest trĂšs simple. Vous allez utiliser lâargent quâil vous reste pour investir dans votre mine et devenir une entreprise indĂ©pendante. Jâinsiste sur le cĂŽtĂ© indĂ©pendance », messieurs. Cet argent, tous les employĂ©s devront le donner Ă cette nouvelle entreprise, devenant des actionnaires. Cela veut dire que lorsque la mine engrange des bĂ©nĂ©fices, vous gagnez une prime en plus de votre salaire actuel. Cependant, comment touchez-vous lâĂ©quivalent de votre salaire si la Shin-Ra ne vous paie plus ? Câest trĂšs simple. Je vous propose de devenir mes partenaires commerciaux toutes vos marchandises devront ĂȘtre envoyĂ©es Ă un lieu de livraison, sur un autre monde appelĂ© Illusiopolis, Ă lâadresse de lâentreprise Nirash ». Cette entreprise achĂštera toutes vos marchandises et vous vous servirez de cet argent pour payer vos salaires et touchez vos dividendes. Nirash a un partenariat de transports avec la Shin-Ra, donc vous nâaurez quâĂ suivre les procĂ©dures logistiques prĂ©cĂ©dentes. De plus, au nom de Nirash, je pense que nous pouvons faire en sorte de vous accordez des vivres pour vous et vos familles gratuitement, le temps que les mois sombres que vous traversez sâachĂšvent. Je me doute que vous vous attendiez Ă plus, mais je ne peux pas aller au-delĂ que cette proposition. » finis-je par dire. Je mâappuie sur mon dossier de chaise, attendant leurs rĂ©actions. Ils murmurent entre eux, je nâentends pas tous les mots. Les discussions sont animĂ©es et toutes semblent convergĂ©es jusquâaux oreilles de Ribbs. Ce dernier se redresse de sa chaise, dans un lourd silence. Il respire bruyamment par son groin et finit par mâadresser ces mots Madame Song. Nous sommes ravis que vous ayez pris en compte notre situation douloureuse. Nous pensons que votre proposition est raisonnable et responsable. Rick a Ă©crit ce que vous nous avez proposĂ©, nous nâavons plus quâĂ signer. » dit-il, dâun ton un peu plus enjouĂ© quâhier bien que toujours un peu meurtri par les Ă©vĂšnements. On me fait passer le fameux contrat, Ă©crit de maniĂšre trĂšs rudimentaire. Au moins, il nây a pas dâarnaques cachĂ©es. Je le relis pour la forme, et je signe au nom de la Nirash. Cette blague. Nous continuons Ă discuter calmement, les contremaĂźtres Ă©tant satisfaits dâavoir de nouveau un peu dâespoir en lâavenir. Ribbs me raccompagne Ă la sortie de la tente. Il me salue amicalement et me laisse repartir. Je commence Ă mâĂ©loigner pour retourner dans les bois, lorsque je sens quelque chose tapoter ma botte. Alors, Madame ? Cela sâest bien passĂ© ? » dit Noah, le petit corbeau. Je lâavais oubliĂ© ce petit. Quâest-ce que je peux bien lui dire ? Je suis tiraillĂ©e entre mon esprit professionnel et mon cĆur. Pour une fois quâil exprime quelque chose suffisamment fort pour lutter contre ma raison. Oui, Noah. Normalement, vous devriez tous aller mieux dâici quelques temps⊠Mais fait attention aux rebelles et aux gens de Nottingham quand mĂȘme. Ils ne sont pas tous gentils. Je dois rentrer chez moi. JâespĂšre que je te reverrai un jour ! » dis-je, assez rapidement avant de continuer ma ne dois pas me retourner, je ne dois pas me retourner, je ne dois pas me retourner. Je commence Ă incliner la tĂȘte⊠Non, je dois retrouver Francis et rentrer. Vite. Je marche rapidement dans la forĂȘt, remontant ma prĂ©cĂ©dente piste. Au bout dâune heure et demie, je retrouve Francis, torse nu, bide Ă lâair en train de bronzer au milieu de la clairiĂšre. Me voyant arriver, il remet vite ses vĂȘtements et monte en vitesse dans le vaisseau. Il craint certainement que je lui fasse un rapport de mission peu valorisant. Tout sâest bien passĂ© ?- Plus ou moins. La mission est Ah super ! Allez, on rentre au bercail. Jâai plus de biĂšres, ça commençait Ă me manquer. - Il y avait quatorze bouteilles de biĂšres dans le vaisseau au dĂ©collage Francis. - Ne me jugez pas, Madame. » dit-il, un peu honteux. CâĂ©tait la premiĂšre fois que Francis mâappelait Madame. Il y a un dĂ©but Ă tout, mĂȘme au respect. On dĂ©colle lentement et nous nous mettons Ă survoler les bois. Nous commençons Ă prendre de lâaltitude. Francis. - Oui ? - Faites demi-tour. Emmenez-moi Ă la mine. - Quoi ? Mais pour faire quoi ? -Jâai dit Faites demi-tour. ». » rĂ©pondis-je, avec un ton sec. Il fait finalement demi-tour et nous retournons Ă la mine, cette fois-ci beaucoup plus proche. Je sors du vaisseau Ă peine posĂ© et je cours en direction de la mine. Jâaperçois Noah, il est assis dans lâherbe et il semble attendre que quelquâun vienne le chercher. Je me cache derriĂšre un buisson. Je fais exprĂšs de faire un peu de bruit, il remarque le buisson bouger. Il se lĂšve et sâapproche, curieux. Il finit par me voir et sautille en lâair avec ses petites ailes ! Allez vient ! Je vais tâemmener voir des gens trĂšs gentils ! Ils vont prendre soin de toi ! »Nous retournons au vaisseau de Francis. Nous dĂ©collons de nouveau, en route pour le Vaisseau-MĂšre. Cependant, je demande Ă Francis de tricher un peu et de passer par les Terres du Dragon avant. Francis ne comprend pas trop et il mâemmĂšne comme prĂ©vu. Nous nous rendons Ă la capitale, lĂ oĂč se trouve ma rĂ©sidence. Je cache le petit Noah et je lâemmĂšne Ă ma demeure oĂč je retrouve Xupeng, lâeunuque de ma famille qui est ravie de me voir. Il va rester ici quelques temps et il va devoir sâen occuper. Surpris de la nature du petit ĂȘtre, je lui raconte son histoire et il est aussi touchĂ© que moi. Xupeng reste surpris, il se rend bien compte que câest un acte de clĂ©mence de ma part. Chose qui nâĂ©tait pas arrivĂ©e depuis longtemps maintenant. Nous organisons un repas, avec Francis et le petit Noah. Quelques heures plus tard, nous repartons au Vaisseau-MĂšre. Francis et moi, nous commençons Ă nous connaĂźtre un peu et malgrĂ© nos conflits habituels, nous estimons avoir au moins fait quelque chose de juste, pour une fois.
Lejuge vérifie notamment la présence d'ouvrages destinés à parer ou à prévenir les chutes de pierre, tels que mur de soutÚnement, grilles ou filets, ainsi que la signalisation (CE, 1er décembre 1982, M. Lebihan). Toutefois, le coût élevé et la difficulté technique de l'édification de ces ouvrages peuvent exonérer la collectivité territoriale de l'obligation de mettre en place
ï»żbuissons contre mur de pierre VidĂ©o gratuite erlenmeyerdesign915430 159 Ressources Suivre TĂ©lĂ©chargement gratuit Attribution nĂ©cessaire IcĂŽne de coche Licence Gratuite Quâest-ce que câest ? IcĂŽne de contributeur Attribution nĂ©cessaire Comment ? IcĂŽne de Rejoignez lâicĂŽne pro star Pour supprimer l'attribution Passez au Pro RĂ©solution HD 1920x1080 Type de fichier QuickTime Codec h264 FrĂ©quence de lâimage 60 FPS Format de lâimage 169 DurĂ©e 0030
LeMUR, acronyme de modulable, urbain et rĂ©actif, est une association française fondĂ©e en 2003 et dont lâobjet est de promouvoir lâart contemporain et lâart urbain en particulier. Association française d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, de type loi de 1901, elle a Ă©tĂ© fondĂ©e autour du peintre et sculpteur français Jean Faucheur, de l'artiste Thomas Louis Jacques Schmitt dit « Thom Thom
Florent JagaLe petit +Ces pierres Ă©taient gravĂ©es aux armes des propriĂ©taires des forĂȘts dont elles dĂ©limitaient les parcelles. Souvent, les seigneurs, usant de leur droit de chasse, empiĂ©taient sur les domaines voisins, ce qui gĂ©nĂ©rait querelles et procĂšs. Ainsi, Anne de Montmorency avait eu l'idĂ©e, au milieu du XVIe siĂšcle, de faire poser des pierres taillĂ©es Ă ses armes. Les autres propriĂ©taires lâont ensuite des bornes armoriĂ©es de la forĂȘt d'Halatte Ăcouter l'histoire Your browser does not support theaudio element. Au milieu des ronces, en pleine nuit, la silhouette de Jan est inerte, un Opinel au creux de sa main ouverte. Plus bas, beaucoup plus bas, on crie son prĂ©nom et des torches interrogent la pĂšre de Jan lui a toujours interdit d'aller dans ce coin du bois, une propriĂ©tĂ© privĂ©e et dĂ©limitĂ©e par des barbelĂ©s, mais Jan n'a que faire des limites, surtout en pleine nature. Le canif en poche, il se faufile et continue son chemin entre les buissons, s'Ă©gratignant cuisses et mollets, sans ralentir. Il progresse comme sous hypnose, semble suivre un sentier sĂ©culaire recouvert par la vĂ©gĂ©tation. Au bout de cette onde qui le guide, il y a forcĂ©ment quelque chose. Jan ne se retourne pas, ses yeux sont rivĂ©s sur le sol inĂ©gal jonchĂ© d'orties. Une terre Ă l'abandon, interdite. Pas un dĂ©bris, pas un signe d'humanitĂ©. Parcouru d'un frisson, Jan sent l'animal en lui prendre le dessus. Il s'abandonne Ă l'instinct, Ă l'affĂ»t, un peu effrayĂ© et tout Ă la fois ravi. Un monde hostile rien qu'Ă lui. Les poumons gonflĂ©s, le canif en main, trente-trois kilos d'invincibilitĂ© se frayent un passage entre les buissons hauts. Et puis au sortir de l'un d'eux la rĂ©compense. Une premiĂšre pierre taillĂ©e de grande dimension presque entiĂšrement recouverte d'une mousse Ă©paisse. Jan la gratte de la pointe du canif, s'attend Ă dĂ©couvrir des inscriptions gravĂ©es, des signes venus du fond des temps, mais le pavĂ© de calcaire reste muet. Jan n'abdique pas, le frisson de l'aventure le reprend. Des hommes sont venus lĂ , longtemps avant lui, et cette pierre posĂ©e rĂ©pond Ă la mĂȘme vibration qui l'entraĂźne entre les arbres et les fourrĂ©s. C'est une indication qu'il ne s'est pas loin se dresse un rempart de ronces. Jan se dirige droit dessus, les mollets durcis par l'inclinaison du terrain. En approchant, il est impressionnĂ© par la hauteur des tiges arquĂ©es et hĂ©rissĂ©es d'aiguillons. Cet enchevĂȘtrement est comme une chevelure de gĂ©ante dont le corps s'Ă©tendrait sur des centaines de mĂštres au-delĂ du rempart. Mais c'est aussi une gĂ©ante bienfaitrice remplie de mĂ»res noires dont il se nourrit comme le faisaient dĂ©jĂ les premiers hommes. Un dĂ©lice croquant Ă chaque bouchĂ©e, qui vaut bien quelques griffures. En se penchant pour saisir une branche bien garnie, Jan est repris par le frisson. Pas une pierre, mais les restes d'une habitation dont il devine l'enceinte. Les ronces protĂšgent le trĂ©sor, le soustraient aux yeux des hommes et Jan vibre de l'appel qui l'a conduit ici, tremble du privilĂšge qui lui est offert. Avec les pieds, tout d'abord, puis au moyen de son Opinel, il creuse un tunnel vĂ©gĂ©tal en imaginant la vie des anciens hĂŽtes de ce lieu. Il devient Jan des Ronces, et ce courant qui le transporte, qui le guide, porte un nom qui surgit d'un autre enchevĂȘtrement, celui de son cerveau le Voriagh, c'est cela, le Voriagh. Jan le murmure en dĂ©coupant les branches, le crie quand son bras est cisaillĂ© par les aiguillons. Le Voriagh le protĂšge et l'incite Ă progresser, Ă se jouer des difficultĂ©s pour atteindre la ruine enfouie sous les piqĂ»res en griffures, Jan bataille contre la bĂȘte vĂ©gĂ©tale afin qu'elle le tolĂšre, en repliant les tiges, en cassant celles qui refusent de ployer. Son corps porte les stigmates de la lutte, des gouttelettes de sang sĂ©chĂ© teintent son tee-shirt, mais Jan ne souffre pas. Il est galvanisĂ© par le but Ă atteindre. Lorsqu'il touche enfin le premier muret, il se retourne pour constater qu'il est entiĂšrement entrĂ© dans le massif de ronces. La ruine lui paraĂźt moins imposante Ă prĂ©sent. Les restes d'une petite bĂątisse rectangulaire, et un peu plus loin, une forme circulaire. L'entrĂ©e d'une galerie souterraine ? Les fondations d'une tourelle ? Les blocs effondrĂ©s et recouverts de vĂ©gĂ©tation ne permettent pas d'aller au-delĂ des suppositions. Jan ressort, mange quelques mĂ»res et jette un Ćil Ă son canif, sa machette de fortune. Le jour dĂ©cline, mais il ne songe qu'Ă progresser encore jusqu'au cercle de pierre. Il saisit une poignĂ©e de mĂ»res bien noires et s'en barbouille le visage. Il rit d'une joie tribale. Il est Jan des Ronces et suit l'appel du de la mousse et des branchages, la construction ressemble Ă un ancien puits comblĂ© de gravats. Jan ĂŽte quelques pierres, mais l'entreprise est au-delĂ de ses forces et la fatigue le saisit alors qu'il s'adosse au muret pour reprendre son souffle. Il s'allonge dans son cocon de ronces et sombre.* * *AprĂšs avoir fouillĂ© tous les abords de la maison, les parents de Jan ont paniquĂ©. Entre colĂšre et angoisse, ils ont alertĂ© les voisins, la gendarmerie. Personne ne l'a aperçu dans le village. Le chemin qui monte le long de la maison conduit Ă un autre patelin, cinq kilomĂštres plus loin, mais lĂ non plus, aucune trace de Jan. Il doit ĂȘtre dans la dĂ©roule le fil des Ă©vĂ©nements prĂ©cĂ©dant la disparition de l'enfant. Jan n'aime pas cette maison, il l'a toujours dit. Il est allergique aux acariens, Ă l'humiditĂ© des murs. DĂšs qu'il le peut, il est dehors. Il n'apprĂ©cie pas non plus la prĂ©sence de M. Zoyer qui habite la partie haute de la maison, conformĂ©ment Ă un accord conclu entre ses parents et l'ancien propriĂ©taire. Hormis cela, rien de particulier ne s'est produit. Pas le moindre diffĂ©rend. De nombreux volontaires se sont munis de lampes en prĂ©vision de la nuit et se sont rĂ©unis dans le jardin pour commencer les recherches. M. Zoyer a, pour une fois, quittĂ© sa fenĂȘtre pour rejoindre le groupe.â On va faire tout notre possible, mais le bois court sur toute la colline alors si votre fils s'est Ă©loignĂ©, ça risque de ne pas ĂȘtre simple. Je sais que c'est facile Ă dire, mais notre pire ennemi c'est la panique. Nous allons avancer en rang serrĂ© et crier son nom rĂ©guliĂšrement en respectant le silence juste aprĂšs pour tenter de capter une parents de Jan opinent, le cĆur broyĂ© d'inquiĂ©tude. Les derniĂšres affaires d'enlĂšvement d'enfants les assaillent ainsi que le souvenir de leur fils, les bras croisĂ©s et l'air renfrognĂ©, manifestant son opposition Ă partir en week-end dans la maison de campagne. Ils se remĂ©morent sa derniĂšre saillie humoristique J'aime pas la maison de campagne, j'aime pas le pain de campagne, j'aime que la campagne toute seule ! »Des dizaines de phares mouvants dans la nuit et des appels en Ă©cho dans la brume. M. Zoyer s'approche des barbelĂ©s.â Il ne sera pas allĂ© par lĂ . Il en a l'interdiction.â Je ne voudrais pas vous contrarier, mais votre fils n'est pas toujours obĂ©issant. Je vais jeter un Ćil quand mĂȘme. Ăa ne coĂ»te rien d'essayer, non ?Le pĂšre de Jan rejoint le rang sans rĂ©pondre. Il est hagard, projetĂ© dans un cauchemar qui dĂ©file Ă chaque pas. Le point lumineux de M. Zoyer s'Ă©loigne vers l'est. Le pĂšre de Jan l'accompagne du regard, songe que cet homme a toujours vĂ©cu lĂ et qu'il n'est pas forcĂ©ment idiot de le laisser arpenter le bois Ă sa maniĂšre, malgrĂ© son Ăąge avancĂ©. Les gendarmes, en premiĂšre ligne, communiquent par talkie-walkie avec leurs collĂšgues qui descendent du village voisin.* * *La lumiĂšre de M. Zoyer s'agite tandis qu'il rebrousse chemin. Il appelle, mais sa voix ne porte terrain est difficile. Il effectue des ronds que le pĂšre de Jan finit par percevoir, l'estomac retournĂ©. La torche en direction du sol, il dĂ©vale la colline pour le rejoindre.â Je pense avoir trouvĂ© des traces. Il y a des branches cassĂ©es, une pierre dont on a ĂŽtĂ© la mousse rĂ©cemment. Je sens que votre fils est passĂ© par pĂšre de Jan enjambe les barbelĂ©s et suit M. Zoyer qui avance comme en plein jour.â LĂ , regardez ! dit-il en montrant la pierre, puis en montrant les herbes couchĂ©es un peu plus ronces sont une masse noire hirsute, un mur qui descend le long de la colline.â Il n'a pas pu aller au-delĂ . C'est impossible, dit le pĂšre de Jan qui tangue entre espoir et lumiĂšre de sa torche accroche l'entrĂ©e du tunnel creusĂ© par l'enfant. Il se prĂ©cipite. Jan est lĂ , les membres Ă©corchĂ©s, la tĂȘte rouge sang. Il se prĂ©cipite vers le corps de son fils qui s'anime Ă la premiĂšre secousse. â Je l'ai ! Il est vivant !Jan sursaute. Son pĂšre en larmes l'inspecte puis le serre contre lui. Le groupe de recherche descend en grappe de la colline. M. Zoyer effectue des cercles de lumiĂšre et bientĂŽt tout le monde se retrouve. La mĂšre explose de joie. Elle Ă©treint M. Zoyer en laissant des larmes se perdre dans sa barbe. Les gens Ă©bouriffent Jan en souriant. Il ne sait quoi dire, alors il invente, raconte qu'il s'est perdu et que, voyant la nuit arriver, il a paniquĂ© et s'est construit un abri au milieu des piquants pour se protĂ©ger des animaux. Que pourrait-il leur raconter Ă tous ? Qu'au lieu de se perdre, il s'est trouvĂ© ? Qu'il a Ă©tĂ© en communion totale avec la nature et les hommes qui avaient vĂ©cu lĂ avant lui ? Qu'il avait suivi le Voriagh, ce courant enivrant, pour en oublier le jour dĂ©clinant ? Alors Jan s'agrippe Ă son pĂšre qui ne le lĂąche plus et pleure.* * *Quand Jan s'Ă©veille, les narines bouchĂ©es, la gorge sifflante, il se prĂ©cipite dehors pour respirer. Il a interdiction de retourner dans les bois. Il chasse les lĂ©zards sur le muret du jardin. M. Zoyer approche.â Alors ? Tu l'as senti aussi hein ?â Quoi donc ?Frisure de l'Ćil.â Allez, gamin ! Pas Ă moi ! Ton histoire, c'est bon pour les autres. J'ai passĂ© ma vie ici. Tu as Ă©coutĂ© l'appel des ronces ?â Vous aussi ?â Comment crois-tu que je t'ai retrouvĂ© en pleine nuit ? Je le sens depuis que je suis gosse. â Moi, je l'appelle le Voriagh. Vous connaissez l'histoire de cet endroit ?â Du tout. Quand j'Ă©tais enfant, je pensais que des esprits vivaient au fond du puits.â Et maintenant ?â Maintenant, c'est Ă toi de reprendre le flambeau.â Ma mĂšre m'a interdit d'y retourner.â Si tout le monde Ă©coutait sa mĂšre, on n'aurait sans doute jamais dĂ©couvert l' vieux poursuit son chemin et Jan voit, l'espace d'un instant, le gamin qu'il Ă©tait jadis, sautiller autour de Illustration de JABLe petit +Ces pierres Ă©taient gravĂ©es aux armes des propriĂ©taires des forĂȘts dont elles dĂ©limitaient les parcelles. Souvent, les seigneurs, usant de leur droit de chasse, empiĂ©taient sur les domaines voisins, ce qui gĂ©nĂ©rait querelles et procĂšs. Ainsi, Anne de Montmorency avait eu l'idĂ©e, au milieu du XVIe siĂšcle, de faire poser des pierres taillĂ©es Ă ses armes. Les autres propriĂ©taires lâont ensuite des bornes armoriĂ©es de la forĂȘt d'Halatte Un petit mot pour l'auteur ? 2 commentaires Ă dĂ©couvrir Sur le mĂȘme thĂšme De la mĂȘme durĂ©e De la mĂȘme durĂ©e De la mĂȘme durĂ©e
Proverbes24 30 J'ai passé prÚs du champ d'un paresseux, Et prÚs de la vigne d'un homme dépourvu de sens. 31 Et voici, les épines y croissaient partout, Les ronces en couvraient la face, Et le mur de pierres était écroulé. 32 J'ai regardé attentivement, Et j'ai tiré instruction de ce
PrĂšs de 80 enfants attendent en rang, au garde-Ă -vous. AussitĂŽt nommĂ©s, ils sâavancent, ramassent quelques grains de sel entre le pouce et lâindex et les jettent dans le feu, oĂč ils sâembrasent. Par ce geste, vous contribuez Ă alimenter la flamme nationaliste », dĂ©clare le chef du camp, Burek, un homme dans la vingtaine au crĂąne rasĂ© et Ă la barbe naissante. Il accueille les jeunes en les agrippant solidement par le bras au lieu de la main. Azov est une unitĂ© de combat ukrainienne composĂ©e de nationalistes radicaux qui se sont portĂ©s volontaires pour lutter contre les rebelles prorusses dans lâest du pays. Depuis trois Ă©tĂ©s, Azov organise des camps pour enfants comme celui-ci aux abords dâun affluent du Dniestr, Ă deux pas de Kiev, la capitale. En lâespace de 12 jours, on souhaite faire de jeunes ĂągĂ©s de 7 Ă 15 ans dâardents patriotes. La cĂ©rĂ©monie a pour but dâinaugurer les nouveaux quartiers des azovets, lâaile jeunesse du groupe. Le campement clĂŽturĂ© comprend salle Ă manger, dortoirs, mur dâescalade et petite plage. GrĂące au financement pour lâĂ©ducation patriotique du gouvernement, les nationalistes ont mis la main sur le terrain sans dĂ©bourser un sou. Azov Ă©tablit ses camps dans plusieurs villes, le plus important Ă©tant celui de Kiev. Il sâagit bien dâun camp militaire. DĂšs le premier jour, on sort les kalachnikovs. Tarakan, une jeune KiĂ©vienne de 15 ans Ă la silhouette mince et aux longs cheveux droits, met seulement 25 secondes Ă inspecter son fusil. On ĂŽte le magasin et le levier dâarmement pour libĂ©rer le cylindre Ă gaz. AprĂšs, on remet tout ensemble. Attention ne jamais pointer lâarme sur quelquâun. Ă moins dâĂȘtre certain de vouloir tirer. » Photo Alex Masi ///// Azov a Ă©tĂ© créé Ă la suite de lâannexion de la CrimĂ©e par la Russie, en mars 2014. Ă lâĂ©poque, les troupes ukrainiennes avaient Ă©tĂ© incapables de freiner lâavancĂ©e des milices, armĂ©es et entraĂźnĂ©es par les Russes, qui sâemparaient des villes dans lâEst. Des patriotes volontaires sâĂ©taient alors rĂ©unis en bataillons, financĂ©s en partie par de riches hommes dâaffaires. Ă lâĂ©tĂ© 2014, les combattants dâAzov libĂ©raient Marioupol et, six mois plus tard, dĂ©fendaient cette importante ville portuaire dans la bataille de Shyrokyne, un village non loin, situĂ© sur les cĂŽtes de la mer dâAzov, dâoĂč le rĂ©giment tire son nom. Maintenant que la guerre dans lâEst connaĂźt un certain rĂ©pit, Azov travaille Ă la promotion du nationalisme partout au pays. Les enfants arborent lâuniforme militaire lors de lâassemblĂ©e matinale. Au commandement de leur instructeur Burek, ils enlĂšvent leur casquette. On demande Ă Tarakan de sâavancer. Les jeunes serrent le poing contre leur poitrine et rĂ©pĂštent aprĂšs elle Ukraine, sainte mĂšre de tous les hĂ©ros, emplis mon cĆur. Que mon Ăąme renaisse grĂące Ă toi et soit Ă©clairĂ©e par ta gloire. Tu es ma vie et mon bonheur, toi, la sainte des saintes. » On hisse alors le drapeau aux couleurs bleu et jaune de lâUkraine, ornĂ© de lâimage dâun valeureux soldat. Les activitĂ©s au programme dĂ©butent sans tarder un premier groupe suit une leçon dâhistoire qui loue les exploits des cosaques et des souverains de Kiev dâil y a 1 000 ans. Un deuxiĂšme groupe sâattaque Ă un parcours dâobstacles qui exige de franchir des clĂŽtures et de grimper Ă des Ă©chelles de corde en Ă©quipe. Un troisiĂšme groupe sâentraĂźne au combat et sâinitie aux manĆuvres sur le champ de bataille. Les jeunes, plus unis chaque jour, sillonnent le terrain lâun derriĂšre lâautre, braquant leur canon sur des ennemis invisibles dissimulĂ©s dans les buissons. Au tir des piĂšces dâartifice, lâinstructeur crie Grenade ! » Les enfants se jettent immĂ©diatement au sol, et les camarades jouant les blessĂ©s sont conduits Ă lâabri sur des civiĂšres. Pourquoi y a-t-il des camps militaires pour jeunes en Ukraine ? Parce que câest la guerre. Nous enseignons aux enfants des tactiques militaires et leur parlons de la guerre », explique Gold, 28 ans. Ă lâinstar des jeunes et des autres instructeurs, le chef des azovets rĂ©pond Ă un nom de guerre et refuse de dĂ©voiler son identitĂ© dans les mĂ©dias. Au moins la moitiĂ© des chefs du camp ont connu le front ; Gold, lui, sâest battu dans lâest de lâUkraine pendant deux ans. Les enfants voient des images du conflit chaque jour Ă la tĂ©lĂ©vision, mais ce nâest rien Ă cĂŽtĂ© du tĂ©moignage de vrais combattants. » Nous apprenons comment se sent et agit un soldat sur le terrain, prĂ©cise Tarakan. Nos instructeurs nous montrent Ă survivre en forĂȘt ou dans le dĂ©sert. On nous enseigne les premiers soins et les tactiques militaires. Ce sont des connaissances que tout le monde devrait possĂ©der. » Mon pĂšre mâa apportĂ© un dĂ©pliant du camp, raconte Rostislav, 14 ans. Jâai trouvĂ© cela sympa et jâai demandĂ© Ă mon meilleur ami en classe de mâaccompagner. Pourquoi y a-t-il des camps militaires pour jeunes en Ukraine ? Parce que câest la guerre. » Plus de la moitiĂ© des enfants ici, y compris Tarakan, sont les filles ou les fils de membres dâAzov. Et ils ne sont visiblement pas de condition modeste ils sont bien habillĂ©s, bien Ă©duquĂ©s et, surtout, curieux. Les parents qui assistent Ă la cĂ©rĂ©monie dâouverture sont enchantĂ©s par le camp. Azov est important pour lâUkraine, dit une mĂšre. Les enfants devraient connaĂźtre les enjeux du conflit et savoir que nous dĂ©fendons la frontiĂšre extĂ©rieure de lâEurope. » Vous ĂȘtes si surpris de voir un camp militaire pour jeunes ? Il ne doit pas y avoir de guerre chez vous », ajoute un grand-pĂšre. Photo Alex Masi ///// LâĂ©ducation militaire des enfants et des jeunes adultes nâest pas nouvelle en Ukraine. Ă lâĂ©poque soviĂ©tique, lâamour de la patrie se cultivait de pair avec les rudiments de la guerre dans les camps dâĂ©tĂ© des jeunes communistes, appelĂ©s pionniers ». Ă lâuniversitĂ©, les adolescents de 17 ans doivent accomplir un service militaire de trois mois qui les initie Ă diverses tactiques, notamment au maniement de kalachnikovs. De mĂȘme, le mouvement scout est profondĂ©ment enracinĂ© en Ukraine, oĂč la fibre patriotique est beaucoup plus forte que dans ses autres branches en Europe de lâOuest ; les scouts ont dâailleurs constituĂ© un rĂ©servoir de recrutement des partisans dans la lutte contre les SoviĂ©tiques. De toute Ă©vidence, Azov prĂŽne un amalgame de nationalisme et de militarisme exacerbĂ©s. La nation » est la pierre dâassise de son idĂ©ologie ; les autres Ă©lĂ©ments sont plus ambigus. Pas question toutefois dâassimiler Azov au nĂ©onazisme, insistent les instructeurs, en rĂ©ponse aux allĂ©gations de nombreux mĂ©dias russes et occidentaux. Je suis un patriote, assure Gold, le chef azovet. Je ne suis ni nazi ni fasciste, je suis partisan de ma nation. » Vous pouvez dire quâAzov est radical », ajoute-t-il, traduisant du mĂȘme souffle sa dĂ©ception Ă lâĂ©gard du manque dâengagement de ses compatriotes. Seulement 10 % de la population sâest enrĂŽlĂ©e dans lâarmĂ©e ou sâest ralliĂ©e volontairement aux efforts de guerre. Les autres se contentent de rĂ©gler leurs problĂšmes quotidiens. Ils ne se soucient pas de lâavenir de leurs enfants. » Beaucoup de gens ne pensent quâĂ eux-mĂȘmes, renchĂ©rit Tarakan. Les vrais Ukrainiens sont prĂȘts Ă se battre pour la libertĂ©. En donnant notre vie, nous redonnons fiertĂ© Ă lâUkraine, et les hostilitĂ©s cesseront, comme celles avec la Russie », croit lâadolescente de 15 ans. Photo Alex Masi ///// Pour le gouvernement, cependant, lâorganisation est trop radicale. Ă lâautomne 2014, le rĂ©giment, comme lâensemble des bataillons de volontaires, a Ă©tĂ© placĂ© sous lâautoritĂ© du ministĂšre des Affaires intĂ©rieures. Les dirigeants dâAzov rejettent lâaccord de Minsk, entrĂ© en vigueur en fĂ©vrier 2015 dans le but dâattĂ©nuer les tensions dans lâEst ; les nationalistes sâopposent vertement Ă toute forme de concession de la part de lâUkraine. Depuis cet Ă©tĂ©-lĂ , les combattants volontaires ne sont plus autorisĂ©s Ă partir librement au front. MĂ» par son projet de rĂ©forme du pays, Azov a fondĂ© son propre parti politique, le Corps national, en octobre dernier. Son programme nationaliser les services publics, rompre tout lien Ă©conomique avec la Russie et lĂ©galiser le port dâarmes par les civils. Les camps pour enfants sâinscrivent dans une lutte sur le second front », selon lâexpression de Gold, lorsquâil est question des activitĂ©s dâAzov en marge de la guerre. LâĂ©tĂ© passĂ©, 400 enfants ont pris part aux camps azovets. Pendant lâannĂ©e scolaire, les combattants dâAzov visitent les Ă©coles primaires de Kiev au printemps dernier, quelque 600 jeunes Ă©taient initiĂ©s Ă lâexercice militaire durant toute une journĂ©e. Si nous inculquons le respect de lâarmĂ©e dĂšs lâenfance, notre nation sera plus forte », soutient-il. Photo Alex Masi Câest dans cet esprit quâest appliquĂ©e la discipline au camp. La punition fait partie des pratiques. Au matin, lors dâune assemblĂ©e, on ordonne Ă un garçon timide de neuf ans de se placer devant le groupe. Lâinstructeur Burek explique ce quâon lui reproche avoir cachĂ© son tĂ©lĂ©phone cellulaire sous son oreiller, malgrĂ© lâinterdiction de ces appareils. Devrait-on le punir ? » demande le chef du camp aux jeunes. Non », marmonnent quelques-uns. Lâinstructeur repose sa question, plus fort. Oui », sâĂ©crie alors la majoritĂ©. Verdict le garçon ne pourra assister aux deux cĂ©rĂ©monies matinales suivantes ni porter son uniforme. Nombre dâenfants nâont pas appris Ă se discipliner, ajoute Gold. Quand leurs amis font un mauvais coup, ils les imitent. Bien des jeunes commencent Ă prendre de la drogue ou Ă boire trĂšs tĂŽt. Nous voulons Ă©viter cela. » Lâan dernier, je suis allĂ© dans un camp qui Ă©tait si ennuyeux que les jeunes se mettaient Ă fumer, raconte Rostislav. Câest impossible ici. Nos instructeurs sont trĂšs sĂ©vĂšres et nous gardent occupĂ©s toute la journĂ©e. » Lâadolescent de 14 ans ne cache toutefois pas sa rĂ©ticence par rapport aux propensions nationalistes du camp. Je nâaime pas faire de priĂšre Ă la mĂšre patrie. Le nationalisme peut mener au fanatisme, ce qui est dangereux. Si le camp nâĂ©tait pas aussi nationaliste, ce serait le meilleur au monde. » Photo Alex Masi Gold assure pourtant que le camp nâest pas un prĂ©texte pour former des enfants soldats. Nous ne prĂ©parons pas les jeunes Ă aller au front, ici. Nous voulons quâils sachent ce quâest la guerre. » AprĂšs le sĂ©jour, je nâai pas lâintention de prendre une arme et de tirer sur quelquâun », affirme Tarakan. Le pĂšre de la jeune fille combat dans les rangs dâAzov, sa mĂšre organise mĂȘme des funĂ©railles militaires. Des soldats tombent dans les deux camps. Les Russes aussi sont des humains ; la guerre est une chose horrible, tout le monde en souffre. » Tarakan aimerait plus tard Ă©tudier en Ă©ducation physique et en mathĂ©matiques. Rostislav, lui, rĂȘve dâaller en AmĂ©rique pendant un an pour apprendre lâanglais ; il se voit faire carriĂšre comme traducteur en Ukraine. Beaucoup dâamis plus ĂągĂ©s et de membres de ma famille sont partis en Europe. Ils gagnent durement leur vie lĂ -bas. Câest dommage. Les jeunes de notre gĂ©nĂ©ration devraient rester en Ukraine. » Le sifflet retentit, signal que les enfants doivent se prĂ©cipiter Ă lâassemblĂ©e du soir. Vous mâavez vu filer ? demande Rostislav avant de partir. Mon ami et moi faisons les meilleurs temps sur le parcours dâobstacles ! » Chaque jour, quand le soleil se couche, on entend le son dâune priĂšre. Consume la lĂąchetĂ© qui plombe mon cĆur, que je ne connaisse plus la peur ni le doute. Fortifie mon esprit. » Le drapeau abaissĂ©, on allume le feu qui prĂ©pare les jeunes Ă une soirĂ©e de discussion paisible, loin de la guerre qui bouleverse le paysage sociopolitique de toute la nation. Traduction GeneviĂšve BĂ©langer-Leroux
V4URx8. swxxaw2d74.pages.dev/214swxxaw2d74.pages.dev/193swxxaw2d74.pages.dev/164swxxaw2d74.pages.dev/254swxxaw2d74.pages.dev/252swxxaw2d74.pages.dev/208swxxaw2d74.pages.dev/246swxxaw2d74.pages.dev/330swxxaw2d74.pages.dev/118
inspecter les buissons sur le mur de pierre